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18 / 09 / 2024 | 11 vues
Michel Berry / Abonné
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Un enjeu écologique et sanitaire : peut-on réduire le plastique à usage unique dans les hôpitaux ?

Chaque année, en France, 700 000 tonnes de déchets sont produites par le secteur sanitaire (1). Ces déchets, bien souvent en plastique, provoquent une pression accrue sur le système de santé, créant un cercle vicieux qui aggrave la situation...


Si le plastique reste à ce jour irremplaçable dans de nombreuses situations, des acteurs se mobilisent afin de mener un changement des pratiques vers plus d’écologie sans compromettre la qualité et la sécurité des soins.

 

Ainsi, des actions sur le terrain réduisent le plastique à usage unique (PUU), conjuguant écologie et hygiène, et sont également source de gains économiques et de bénéfices sociaux.

 

Dans le dernier numéro  de la "Gazettte de la société et des techniques" (*)  publication des Annales des Mines avec le concours du Conseil général de l’Économie et de l’École de Paris du management, Coline Claude-Lachenaud et Éponine Loridant, ingénieures des mines  montrent , avec des exemples que réduire les PUU permet de limiter l’impact environnemental du secteur, de diminuer les risques d’infections nosocomiales et l’exposition aux perturbateurs endocriniens, de générer des économies, et de remobiliser le personnel hospitalier.

 

Il reste toutefois à actionner les bons leviers pour accélérer le changement.

 

La mobilisation des acteurs sur le terrain repose aujourd’hui uniquement sur leur motivation et sur leur implication personnelle. Elle est essentielle pour le secteur de la santé mais ne sera jamais pérenne puisqu’elle ne repose que sur quelques bonnes volontés.

 

Il est donc urgent d’identifier des leviers stratégiques afin d’accélérer et de conduire de manière durable la transition écologique du système de santé en France.

 

Tout d’abord, il est crucial de souligner le besoin d'incitations pour encourager cette transition. Aujourd'hui, ces démarches ne prennent forme qu’avec le concours de cadres dirigeants sensibilisés et motivés, sans qu'il n'existe d'obligations particulières.


En intégrant des critères de développement durable à différents niveaux – tels les critères impératifs de certification de la HAS, les objectifs fixés aux établissements hospitaliers et aux cadres dirigeants, les plans des agences régionales de santé, ou les critères de fixation des prix des produits de santé – nous pourrions motiver les acteurs du système à s'engager dans cette voie, tout en minimisant les risques de "greenwashing".

 

Les équipes seraient également encouragées à agir par une meilleure valorisation de leurs initiatives, notamment en systématisant l’attribution de primes d’intéressement lors de la conduite de certaines actions.

 

La reconnaissance, essentielle pour mobiliser les équipes, est une source de fidélisation et de satisfaction tant collective que personnelle. Par ailleurs, les sociétés savantes et les autorités sanitaires ont un rôle clé à jouer en apportant des garanties scientifiques aux initiatives écologiques.

 

Par une évolution de leurs recommandations de pratiques professionnelles, elles peuvent – et devraient – encourager des changements de comportements, tout en assurant que la qualité des soins soit maintenue. Un autre levier efficace consiste en la sanctuarisation de moyens humains dédiés à la transition écologique dans les établissements.

 

Le réseau des conseillers en transition écologique et énergétique en santé (CTEES) a démontré l'importance d'une animation constante et d'un accompagnement interne continu.


Pour faciliter leur recrutement, des financements devraient être mis à la disposition des hôpitaux, d'autant plus qu'ils existent déjà (Fonds Vert, Banque des territoires, Caisse des dépôts, Bpifrance, etc.). En outre, il est indispensable d’assurer la bonne diffusion et communication des initiatives menées. Au cours de nos travaux, nous avons identifié plusieurs initiatives particulièrement intéressantes, mais leur diffusion reste encore très limitée. Les établissements ont rarement connaissance des actions réussies chez leurs confrères et des bénéfices obtenus.

 

Un meilleur partage de ces initiatives permettrait d'accélérer la transition dans l'ensemble des établissements, qu'ils soient déjà engagés dans une démarche écologique ou non.


L'Agence nationale d'appui à la performance (ANAP) pourrait jouer un rôle central dans cette diffusion. De même, au sein des établissements, la création d'un comité Développement durable regroupant tous les corps de métier permettrait une meilleure priorisation, coordination et diffusion des initiatives entre les services.

 

La formation initiale et continue de tous les personnels hospitaliers serait également bénéfique pour élargir la mobilisation et assurer une gestion optimale des risques sanitaires dans le cadre de la transition écologique. Le secteur de la santé doit désormais agir pour mener à bien sa transition écologique.


Cette transition est déjà amorcée localement par des acteurs engagés.

 

Ces initiatives sont encourageantes car elles montrent qu'il est possible de réduire l'empreinte écologique sans compromettre la qualité des soins, tout en générant des économies et en redonnant du sens aux métiers du soin.


Cependant, elles restent fragiles et limitées à un périmètre restreint. Il est désormais nécessaire d’accélérer vers un système de santé qui protège à la fois leur santé et celle de notre planète

 

 

(1) C. Villani (2021), «  Recherche et enseignement supérieur – Grands organismes de recherche  », avis présenté au nom de la commission des affaires économiques sur le projet de loi de finances 2022 (n° 4527), tome XIII.

(*) pour en savoir plus: https://www.annales.org/gazette/2024/Gazette_128-09-24.pdf

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