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06 / 02 / 2025 | 12 vues
Michel Berry / Abonné
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Tous climatisés en 2050 ? L'adaptation de nos logements au réchauffement climatique

En France, les vagues de chaleur tuent autant que les accidents de la route. Nos bâtiments, conçus pour conserver la chaleur, sont inadaptés face canicules qui s’intensifient, alors comment les rendre vivables ?  Au rythme des ventes actuelles, en 2050, 80 % des logements seront équipés d’une climatisation. Un plébiscite souvent qualifié de « maladaptation » environnementale, mais dont les risques sont surtout sociaux.

 

Antoine Bultel et Camille Gay-Bellile Celier, ingénieurs des mines se sont penchés sur le sujet. ils nous font part de leurs réflexions dans le dernier numéro de La Gazette de la Société et des Techniques, Publication des Annales des Mines, avec le concours du Conseil général de l’Économie et de l’École de Paris du management (1)

 

L'été 2003 restera dans les mémoires comme l'un des plus meurtriers en Europe, avec plus de 70  000  morts, dont près de 15  000 en France...

Comment éviter le traumatisme de 2003 ?

Depuis 2003, des mesures ont été mises en place, au premier rang desquelles le Plan National Canicule.

Elles ne suffiront pas. La chaleur, en 2022, causait encore 2 816 décès supplémentaires – presque autant que de morts sur la route.

Il est donc crucial d'adapter nos comportements, nos villes, et surtout nos logements. Les Français se tournent de plus en plus vers la climatisation, mais cela ne doit pas être la seule réponse. Une adaptation plus durable et équitable est nécessaire pour faire face à ces futures canicules.

D’après les diagnostics de performance énergétique (DPE) réalisés depuis 2021, 43 % des logements ont un confort d’été moyen et 35 % un confort insuffisant.

 

Quelles solutions pour améliorer le confort thermique ?

Un large éventail d'options existe, mais leur diversité rend difficile le choix des citoyens.

Les alternatives varient de simples techniques passives à des solutions technologiques avancées.

 

Les techniques de base et passives

Aération et occultation : Les méthodes ancestrales, comme aérer durant les heures fraîches et empêcher l'entrée du soleil en journée, peuvent réduire la température intérieure jusqu'à -5°C, mais leur mise en œuvre est parfois limitée par des contraintes de sécurité, de bruit ou de réglementation patrimoniale.

Isolation thermique : L’isolation est généralement bénéfique, mais mal réalisée elle peut aggraver la chaleur en été : ce sont les fameuses « bouilloires thermiques ». Il est crucial d'intégrer la réflexion sur le confort d'été dans toute rénovation globale. Les solutions actives

Ventilation et déshumidification : Les ventilateurs et les déshumidificateurs améliorent le confort en jouant sur l'humidité et la circulation de l'air plutôt que sur la température elle-même. Leur efficacité est cependant limitée, et la recherche sur leur potentiel est encore embryonnaire.

Pompes à chaleur (PAC) à eau : Ces systèmes peuvent offrir un rafraîchissement limité, mais sont plus éco-énergétiques et contribuent moins aux îlots de chaleur urbains, surtout les PAC géothermiques. Il est impératif pour cela que le logement ait des diffuseurs adaptés : radiateurs ventilo-convecteurs ou plancher chauffant. Ceux-ci sont cependant peu courants chez les particuliers.

Réseaux de froid : Les réseaux de froid, similaires aux réseaux de chauffage urbain, représentent une alternative prometteuse. Ils permettent un refroidissement plus efficace et collectif, mais sont actuellement inaccessibles pour les particuliers en raison des coûts et des travaux nécessaires.

 

Les solutions innovantes

 

Végétalisation des toits : Efficace en outre-mer, cette solution est moins applicable dans les étés secs de métropole et nécessite des structures adaptées pour supporter la végétation.

Cool-roofing : Peindre les toits en couleurs réfléchissantes réduit l'apport solaire, mais peut augmenter les besoins de chauffage en hiver, ce qui pourrait ne pas être optimal pour atténuer le changement climatique.

Les solutions passives ne suffiront pas Des études, comme Résiliance de l’ADEME ou LoPacc du CSTB, montrent que les solutions passives seront insuffisantes pour rendre les logements vivables face aux vagues de chaleur de 2050. Les systèmes actifs plus économes en énergie, comme les PAC ou les réseaux de froid, seront essentiels pour garantir un confort thermique durable.

 

La climatisation est-elle une maladaptation ?

Pour répondre à cette question, les auteurs ont examiné  les principales critiques qui lui sont faites....notamment:

- La climatisation émet des gaz à effet de serre

- La climatisation pèse sur notre réseau électrique et fait risquer des blackouts 

-  La climatisation pèse sur notre balance commerciale et met en danger notre souveraineté 

- La climatisation participe à l’îlot de chaleur urbain en relâchant de l’air chaud dans les rues 

-  La climatisation crée de la précarité énergétique 

 

Une combinaison de solutions passives et actives, soutenue par des politiques publiques et des innovations technologiques, sera donc nécessaire pour adapter efficacement les logements aux changements climatiques futurs.

 

L’effort de rénovation des logements est encore devant nous : il est urgent qu’il intègre le confort d’été pour que nous soyons tous adaptés en 2050. Ignorer cette urgence serait condamner une partie de la population à subir les affres du réchauffement climatique, créant ainsi une fracture sociale supplémentaire. Il est temps de repenser nos espaces de vie pour un avenir supportable pour tous.

 

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