« Sans mobilisation, il n’y a pas de mouvement ! »
« Sans mobilisation, il n’y a pas de mouvement ! », ainsi parlait Marie-Josée Paquette (Conseil québécois de la coopération et de la mutualité) lors de l’ouverture des travaux du 4 ème symposium technique de l’UNTFSSE (UN Inter-Agency Task Force on Social and Solidarity Economy), le groupe de travail inter-agences des Nations Unies sur l'Économie sociale et solidaire) qui s’est tenu à Montréal (Québec), les 2 et 3 octobre dernier.
Cette phrase est le sens même de notre union au sein de la task force : savoir unir nos forces dans une même organisation pour accroître la visibilité de l'ESS au sein du système des Nations unies et au-delà.
Dans ce cadre, « Les membres et les observateurs se sont engagés à entreprendre des activités de collaboration pour :
- Améliorer la reconnaissance du rôle des entités de l'ESS dans le développement durable ;
- Promouvoir la connaissance de l'ESS et consolider les réseaux de l'ESS ;
- Soutenir la mise en place d'un environnement institutionnel et politique favorable à l'ESS ;
- Assurer la coordination des efforts internationaux et créer et renforcer les partenariats. » (https://www.ciriec.uliege.be/notre-reseau/recherches/partenariats/untfsse/)
Ce 4ème symposium a donc été l’occasion de poursuivre le travail déjà engagé au cours des 3 précédents, au cours desquels des plans d'action communs ont été discutés et adoptés (Rome (2016), Trente (2019) et en ligne (2021).
Une cinquantaine de participants, dont des représentants d'organisations membres (agences de l'ONU) et d'organisations observatrices (dont le CIRIEC-International), des invités partenaires (du Québec) et des représentants de haut niveau d'États membres en pointe sur l'ESS (Espagne, Sénégal, Chili, France, Canada) ont pu participer à ces travaux. Le thème général qui permettait d’engager une réflexion et des échanges pour renforcer l'équipe de l'UNTFSSE et mettre à profit l'expertise des différents membres et observateurs pour promouvoir l'ESS conformément à la résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies portait sur « Faire progresser l’économie sociale et solidaire au Québec et ailleurs »
Chantal-Line CARPENTIER, présidente de l’UNTFSSE, a introduit les travaux par une présentation des objectifs poursuivis lors de ces deux journées, en précisant l’importance d’un travail commun des différentes composantes de l’UNTFSSE pour aboutir à une résolution de l’ONU sur l’ESS. Puis Mme SAMBA, représentante de la ville de Dakar, Marc PICARD (caisse Desjardins et CIRIEC-International), la Ministre de l’ESS Espagne, la Ministre de l’ESS Chili, le représentant ESS de la ville de Montréal et le Ministre du développement économique et de l’ESS du Québec ont apporté, chacun, leur regard particulier et réaffirmé leur volonté de voir se développer l’ESS comme une véritable force économique au service de l’intérêt général.
Les travaux se sont donc déroulés sur la conviction partagée qu’une autre économie est possible et envisageable, porteuse de valeurs nouvelles dans lesquelles priment l’intérêt général, une vision collective du développement économique, le partage de la richesse et le refus du travail au seul profit d’actionnaires.
Ces deux jours ont ainsi vu des échanges productifs débouchant sur des préconisations à partir de séances plénières et de travaux en groupes thématiques :
- La Plénière portait sur le plan d'action de l'UNTFSSE (2022-2024) tel que convenu lors du troisième symposium de l'UNTFSSE.
- Ensuite les participants ont pu apporter leurs éclairages respectifs, leurs expériences, leurs conceptions particulières au cours de 6 sessions thématiques dont émaneront des conclusions pour les futurs symposiums et le document final que sera adressé à l’ONU pour une résolution conforme à nos attentes :
- Session 1 : Collaborer avec les États membres et élaborer des lignes directrices pour leur permettre de mettre en place des politiques et des programmes
- Session 2 : Les statistiques de l'économie sociale et solidaire
- Session 3 : Éducation, programmes d'études et initiatives de recherche
- Session 4 : Localisation des ESS et des autorités locales
- Session 5 : Soutenir les acteurs de l'ESS et leur financement
- Session 6 : Intégration de l'ESS dans le travail de l'ONU
À partir des conclusions des différents groupes de travail (dont compte rendu synthétique à venir), tous les membres des organisations présentes se sont positionnés pour mener un travail de fond débouchant sur des propositions qui permettront de répondre aux objectifs de développement durable, tout en préservant notre flexibilité d’intervention.
Pour cela, l’UNFTSSE s’organise pour une meilleure institutionnalisation au sein des nations unies.
Ce symposium a permis de préciser le rôle des groupes de travail : élaboration d’outils, coopération technique, bonnes pratiques, besoins émergents, mais aussi de s’interroger :
- quel partage des bonnes pratiques,
- quel environnement propice,
- quels éléments pour une émergence,
- faut-il un groupe d’amis pour l’ESS dans tous les pays pour commencer à tracer des pistes pour l’avenir ?
Chaque thématique est attribuée à un des membres de l’UNFTSSE et le CIRIEC-International coordonnera les travaux sur l’éducation.
Ce moment de réflexion et de propositions d’actions communes n’est pas l’aboutissement de nos travaux, il en est une étape qui doit permettre au bout du compte que l’ensemble des organisations présentes arrivent vraiment à dépasser leurs appréciations personnelles et leurs orientations propres pour arriver à une démarche commune auprès des Nations unies. La présidente de l’UNTFSSE s’y emploie et arrive à fédérer les énergies.
Mais il faudrait que des moyens supplémentaires soient donnés pour construire efficacement cette démarche, à la fois provenant des grandes entreprises de l’ESS, mais aussi des pays concernés par la reconnaissance de l’ESS par les Nations unies. Il faut pour cela de la volonté et des actes.
Gageons que l’avancée de nos travaux sera un coup de pouce pour que les principaux concernés agissent ensemble et que nous arrivions à cette reconnaissance. Mais soyons vigilants à ce que cela ne se fasse par l’accaparement par certains des avancées de nos échanges et propositions. Nous savons la capacité d’organisations (y compris et sans doute surtout dans notre pays) à se comporter comme le singe de la fable de La Fontaine. N’en soyons pas le chat qui « tire les marrons du feu » au profit du singe. ▪