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23 / 05 / 2024 | 13 vues
Alain ANDRE / Membre
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Responsabilité Sociétale des Entreprises : Un engagement nécessaire

Le travail, autrefois simple moyen de subsistance, se voit aujourd’hui investi d’une mission plus profonde : la quête de sens. Dans un monde en mutation, où les révolutions technologiques et écologiques bouleversent les repères, les salariés aspirent à un travail qui soit à la fois porteur de sens et compatible avec leurs valeurs.

 

Face à cette évolution, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) s’impose comme une réponse incontournable.

 

La RSE ne se résume plus à de simples actions philanthropiques, mais se traduit par une véritable prise en compte des enjeux sociaux, environnementaux et économiques dans la stratégie globale de l’entreprise. Les concepts de RSE (1)

 

Le concept de RSE a beaucoup changé au fil du temps et n’avait pas le sens de développement durable qui semble faire consensus aujourd’hui.

On distingue ainsi trois grandes approches, une «éthique», une stratégique utilitariste et une dite «des parties prenantes ».

– Approche «éthique» : Ancrée dans le paternalisme du xixe siècle, elle s’appuie sur des valeurs morales et religieuses. L’entreprise se doit d’agir de manière charitable et bienveillante envers ses employés et la communauté, sans nécessairement rechercher de profit direct. L’exemple des cités ouvrières construites par certains patrons au xixe siècle illustre cette approche.

– Approche «stratégique utilitariste» : Théorisée dans les années 50, elle considère l’entreprise comme un «être moral » ayant des devoirs envers ses employés et la communauté. Les actions sociales menées se situent généralement hors du champ d’activité principal (mécénat, philanthropie…). L’entreprise s’engage dans une démarche RSE pour améliorer son image et sa réputation, et ainsi accroître sa performance économique. La création de fondations d’entreprise s’inscrit dans cette logique.

– Approche «des parties prenantes» (2) : Apparue plus tard, elle vise à concilier les deux approches précédentes en plaçant l’entreprise au centre d’un réseau d’acteurs aux attentes multiples (salariés, clients, syndicats, pouvoirs publics, ONG…).

Le comportement social de l’entreprise devient alors un outil au service de sa performance économique, mais aussi de la satisfaction des attentes de ses parties prenantes.

La prise en compte des impacts environnementaux et sociaux de l’activité de l’entreprise devient un élément central de la stratégie RSE.

 

Les transformations du modèle économique et social

 

Les révolutions industrielles successives ont bouleversé le monde du travail depuis le xviiie siècle, et même au-delà. Chaque époque a ainsi été traversée par de profonds changements touchant au système productif, à l’organisation de la société et à son système de valeurs. Pour autant, les mutations que nous connaissons aujourd’hui sont d’une ampleur inédite.

La révolution numérique modifie les chaînes de valeur à l’échelle mondiale et a donné naissance, en seulement quelques années, à des entreprises gigantesques. Elle transforme en profondeur nos façons de travailler en même temps que nos vies quotidiennes. Et l’arrivée de l’intelligence artificielle inquiète autant qu’elle fascine, renforçant la crainte d’un «grand remplacement » de l’humain par la machine dans de très nombreux métiers.

À cela s’ajoute la révolution écologique, alors que les rapports d’expertise du GIEC ont longtemps été minimisés, plus personne ne conteste aujourd’hui ni la réalité ni l’ampleur du problème.

Que l’on plaide pour le verdissement de nos économies ou pour une forme de décroissance, tout indique que nous allons devoir bâtir un nouveau modèle où la transition va l’emporter sur l’accumulation, la sobriété sur la rentabilité.

 

Enfin, une autre transformation d’ordre culturel, ici davantage choisie que subie, porte sur le « sens ».

 

Les entreprises sont sommées de répondre aux questions de leur « raison d’être» et de leur « impact ». Cela concerne aussi l’ensemble des salariés, qui investissent leur travail d’attentes nouvelles.

Autrefois synonyme d’indépendance économique et de statut social, on lui demande désormais d’être porteur de sens, source d’épanouissement et de s’inscrire dans un juste équilibre avec le reste de nos vies.

 

La quête de sens au travail : un phénomène générationnel ?

 

La quête de sens au travail touche l’ensemble des salariés, mais dans des proportions différentes. Selon une étude réalisée par l’APEC en 2022, 73 % des Français déclarent que la recherche de sens est importante pour eux dans leur travail.

Cette tendance est toutefois plus marquée chez les jeunes générations :

– 83 % des moins de 30 ans affirment que le sens est un critère important dans le choix d’un emploi.(3)

– 65 % des jeunes diplômés déclarent être prêts à renoncer à une partie de leur salaire pour travailler dans une entreprise dont les valeurs correspondent aux leurs.(4)

La question de la place de la RSE pour les entreprises et donc de son importance pour ses futurs recrutements tend à devenir centrale. Les jeunes attendent clairement des entreprises qu’elles s’engagent concrètement sur des enjeux sociaux, économiques et environnementaux.

– 72 % des jeunes diplômés estiment que la RSE est un critère important dans le choix d’un employeur.(5)

– 63 % des jeunes Français sont prêts à boycotter une entreprise dont les pratiques ne sont pas responsables (6) .

 

L’attractivité des entreprises et leurs capacités à fidéliser leurs salariés passeront par les réponses qu’elles apporteront sur l’ensemble de ces domaines.

 

Le mécénat de compétences : un outil au service de la RSE

 

Le mécénat de compétences est un dispositif qui permet aux entreprises de mettre à disposition les compétences de leurs salariés au profit d’associations ou d’organismes d’intérêt général. Cette pratique permet aux salariés de s’investir dans des causes qui leur tiennent à cœur, de développer de nouvelles compétences et de vivre une expérience enrichissante.

Pour l’entreprise c’est donc une réponse à la transformation du travail et aux aspirations individuelles. Il leur permet de renforcer leur image positive, d’attirer et/ou de fidéliser des salariés et de diversifier les parcours professionnels.

C’est également une opportunité pour développer les talents d’adaptabilité, d’empathie ou d’agilité.

Pour les salariés, c’est un facteur de motivation et d’engagement qui répond à leur quête de sens.

Le mécénat de compétences permet de renforcer leur sentiment d’appartenance à l’entreprise et de développer leur fierté d’appartenance. Cet outil permet concrètement aux entreprises de s’engager dans une démarche de responsabilisation sociétale.

 

Même si certaines entreprises de la Branche des Industries Électriques et Gazières ont mis en œuvre différentes offres de mécénat de compétences, on peut constater que cette pratique a néanmoins du mal à se développer.

 

RSE : Coût ou Investissement ?

 

En France, les limites de la RSE sont souvent liées aux moyens financiers et humains consacrés à la démarche que ce soit en termes de temps passé à son élaboration, de nombre d’actions mises en œuvre ou encore de communication.

Le développement d’une politique RSE a donc un coût, et tout l’enjeu pour les entreprises consiste à concilier responsabilité et rentabilité.

 

Pour autant, les entreprises, notamment les plus importantes, ont de forts intérêts à investir ce champ notamment pour le bien de leur réputation, mais également pour faciliter le recrutement, fidéliser leurs salariés, améliorer la productivité et ajouter de la valeur sociale à la valeur économique.

Longtemps perçue comme une contrainte, la Responsabilité Sociétale des Entreprises fait aujourd’hui partie intégrante de la stratégie d’entreprise.

Si ce concept doit être partagé par le plus grand nombre, il se doit surtout d’être sincère en termes d’engagement sur les domaines sociaux et environnementaux.

 

 

(1) Le couplage «Responsabilité Sociale des Entreprises » et «développement durable» : mise en perspective, enjeux et limites – Françoise QUAIREL et Michel CAPRON, Revue Française de Socio-Économie 2013/1 (n° 11).

(2) Edward FREEMAN.

(3) Étude Deloitte 2021 – La quête de sens au travail : une nouvelle donne pour les entreprises.

(4) Étude Kantar Sofres 2020 – Les jeunes et l’entreprise : attentes et perceptions.

(5) Étude EY 2022 – Baromètre EY Attractivité Employeur.

(6) Étude OpinionWay 2021 – Les Français et la RSE.

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