Réforme des retraites : l’entêtement au risque d’un bras de fer
Pour les travailleurs, les fêtes de fin d’année ont d’ores et déjà un goût acide alors que leur pouvoir d’achat est plombé par l’inflation forte, notamment sur l’énergie et l’alimentaire, et qu’ils doivent faire face à une déferlante d’attaques en règle contre leurs droits, ceux concernant les retraites notamment. Opposés au projet de réforme que le gouvernement a déjà dévoilé et qu’il devrait annoncer officiellement le 10 janvier, ils construisent la mobilisation, dans l’unité d’une intersyndicale forte notamment de huit organisations de salariés. La Confédération est particulièrement à la manœuvre avec une voix qui porte encore plus, son audience venant d’être confortée par les bons résultats obtenus aux élections professionnelles de décembre dans la fonction publique.
Ce devait être le 15 décembre... Ce sera le 10 janvier. A priori.
La présentation par l’exécutif de son projet de réforme des retraites, qu’il souhaite voir adopté au plus vite (n’est pas écartée une intégration du projet au prochain texte budgétaire rectificatif sur la Sécurité sociale) pour une entrée en vigueur dès l’été, est donc repoussée au début de 2023. Décision prise par le chef de l’État, Emmanuel Macron, à la surprise générale, le 12 décembre. Cette variation dans le calendrier ne change en rien la donne.
Le gouvernement a déjà dévoilé les grandes lignes du projet, depuis des mois, en amont des concertations avec les interlocuteurs sociaux. Et le confirmant même pendant.
L’intersyndicale unanime
Il s’entête ainsi dans l’axe d’un recul de l’âge légal de départ en retraite, actuellement fixé à 62 ans (réforme Woerth de 2010), condition qu’était venue aggraver la réforme Touraine de 2014, actant d’un nouvel allongement de la durée de cotisation.
Si dans les rangs de la majorité gouvernementale la question d’un report de l’âge de départ à 65 ans ou 64 ans (ce qui est selon la Drees l’espérance de vie en bonne santé) semblait faire encore débat mi-décembre, du côté de l’intersyndicale, réunie à nouveau le 13 décembre, il n’y en a aucun.
Les huit organisations de salariés et les cinq organisations de jeunesse ont redit unanimement leur opposition à ce projet qu’elles combattront. S’il est maintenu, une réponse commune de mobilisation interprofessionnelle arrivera dès janvier.