Organisations
Orange, restructuration du réseau de boutiques : un plan social déguisé ?
Faisant une fois de plus cavalier seul, la Direction d’Orange France annonce de profonds bouleversements dans notre réseau de distribution physique, sous la forme d’un véritable non-sens économique et social, reposant sur des principes contredits par la réalité opérationnelle.
Ce projet issu d’une stratégie… que la Direction n’a pas encore dévoilée puisque le plan stratégique d’Orange ne sera connu …qu’à la fin du T1 2023, a été présenté, moins d’un mois avant la plus grosse période commerciale de l’année et sans aucun échange en amont avec les IRP.
C’est sans conteste, une méthode efficace pour neutraliser la mobilisation des personnels sur le terrain, à un moment ou leur travail génère une très grande partie du CA de l’entreprise !
Un seul objectif, une seule stratégie : la baisse des coûts !
La dernière enquête Stress et Santé du CNPS mettait en évidence les résultats les plus inquiétant dans les boutiques.
A ce constat, l’entreprise répond par la fermeture de boutique ou leur passage sous drapeau Générale de téléphone (GDT). Ce sont 1500 salariés, soit 50% des effectifs qui verront leur emploi disparaître en moins de 4 ans. Une stratégie de choc à très gros risques humains : la Direction d’Orange France a déjà fait, par le passé, la démonstration de son incapacité à accompagner loyalement les salariés des boutiques fermées ou transférées à la GDT.
Il restera 120 boutiques pour « réinventer » notre image et « ré-enchanter » nos clients. Le ré-enchantement des personnels en boutiques attendra …
Un dossier à charge pour liquider les boutiques
La seule logique d’Orange c’est la logique de coût. La Direction ne retient qu’un seul et unique critère : « le coût de distribution de nos boutiques Orange » versus la concurrence, ou de nos boutiques Agence Distribution versus nos boutiques GDT et tient pour seuls responsables, les salariés des Agences Distribution, reprochant des coûts devenus exorbitants.
Les performances d’un réseau de distribution ne se mesurent pas seulement par le prisme du coût de ses boutiques. Et le dossier ne présente strictement aucun chiffre pertinent tel que : CA, revenu net, compte d’exploitation, ROI, performances commerciales attendues sur offres clefs, flux en boutiques, productivité commerciale, satisfaction client …
La Direction impose de la croire sur parole lorsqu’elle soutient qu’avec cette réorganisation, le réseau de distribution sera plus performant.
Les risques de surchauffe sur le périmètre de la GDT sont réels. En moins de 3 ans, la GDT va devoir embaucher, former, fidéliser un nombre conséquent de salariés. Or, absorber un si grand nombre de boutiques et d’effectifs en si peu de temps n’est pas anodin et risque d’impacter fortement son modèle social et économique. Mais là encore, pas un mot sur le sujet. Plutôt que tout mettre en œuvre pour motiver, fédérer les équipes AD et GDT, la Direction d’Orange France déroule, au contraire, un projet qui ne fera que démobiliser et démotiver les équipes sur le terrain. Pour un projet d’ores déjà engagé, il est stupéfiant de constater le nombre de questions élémentaires restées sans réponse.
En conséquence, la CFE-CGC Orange considère à date, cette stratégie de distribution comme un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) déguisé.
Aussi la CFE-CGC Orange a demandé à la Direction que l’ensemble des salariés du réseau de distribution physique (Orange et GDT) soit sous une seule et même entité Orange. La Direction doit assumer ses responsabilités et ses décisions de filialisation et appliquer des mécanismes économiques et sociaux d’accompagnement nationaux à la hauteur. Cela doit passer à minima par un accord cadre national sur les conditions d’accompagnement.
Un grand nombre de questions reste posé :
- Quel budget l’entreprise mettra sur la table pour accompagner les salariés qui perdront leur emploi ?
- Quelles seront les conditions de transferts des personnels et notamment des fonctionnaires ?
- Quid de ceux qui ne voudront/pourront pas suivre en GDT ?
- Quelles conditions de PVC ? de valorisation ? d’évolution ? d’accès à la promotion ?
- Quelles seront les conditions d’arbitrages si plusieurs salariés postulent sur le même poste ?
- Quid des certifications IOBSP* ?
La CFE-CGC Orange est hostile à un projet qui ne lui a pas été détaillé, ne démontre en rien sa viabilité économique et présente un grand risque de casse sociale, de désorganisation de nos réseaux de boutiques et de désengagement des personnels, au point d’hypothéquer l’avenir de notre réseau de distribution dans son entièreté.
* Habilitation banque