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29 / 05 / 2024 | 427 vues
Pascaline Kerhoas / Abonné
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L'impact de l'IA sur les métiers d'enquête et de contrôle

Sujet d'importance évoqué récemment au niveau de Bercy avec les fédérations syndicales des Finances pour aborder l'impact de l'AI  sur la qualité de vie et les conditions de travail des personnels concernés.


Si notre organisation syndicale  est favorable aux évolutions technologiques, dont l’IA, elle entend qu'elles conduisent surtout à améliorer les conditions de travail des agents et le service rendu aux usagers. Pour nous, l’IA devrait permettre de recentrer l’activité humaine sur des tâches valorisantes, en évitant des tâches répétitives.


Pour autant, les expériences tirées du passé montrent que les directions ont plutôt profité du déploiement d’applications informatiques pour supprimer des emplois, en anticipant de soi-disant gains de productivité.


Mais force est de constater que les impacts organisationnels de l’IA sur les conditions de travail sont généralement sous-estimés, quand ils ne sont pas ignorés. En Formation Spécialisée ministérielle, les Fédérations ont donc demandé que soit réalisée une étude d’impact de l’IA sur les agents et les métiers dans toutes les directions du ministère.


Une présentation en a été faite lors de cette rencontre début Mai....


Actuellement, les agents se retrouvent à exploiter des fichiers toute la journée ou à traiter des contentieux, issus des erreurs de traitement automatisé. L’agent ne doit pas devenir l’assistant de la machine.


D’autre part, l’IA ne peut pas non plus jouer le rôle de « pompier » pour maintenir certains services à l’usager dans des services, afin de pallier le manque de moyens dont disposent les agents pour assurer leur mission.


Ces utilisations biaisées aboutissent à une perte de sens du travail fourni par les agents.



Présentation de l'étude d’impact de l’IA sur les métiers et les compétences des agents exerçants des fonctions d’enquête et de contrôle au sein du MEFSIN



Trois directions sont principalement concernées : la DGFIP, la DGDDI et la DGCCRF.


Cette étude est confiée à l’institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA). Elle sera réalisée par une équipe constituée de deux chercheurs, un spécialiste de l’IA et un spécialiste des sciences humaines et sociales associées aux déploiements technologiques, et en particulier numériques.


Ils seront encadrés par : M. Jean-Michel Lefevre, Directeur de la mission IA de l’INRIA et M. Yan Ferguson, Directeur scientifique de l’étude et responsable de l’équipe. FO Finances se félicite qu’un institut de recherche public soit chargé de cette étude.



Notre Fédération a souligné que la présence de l’IA n’était pas nouvelle dans notre ministère, notamment à la DGFIP. Elle  a dénoncé à plusieurs reprises, l’absence de bilan de la mise en œuvre des logiciels, fonciers innovants par exemple.
 

La DGFIP a fini par nous répondre en fin de réunion que les syndicats de la direction avaient aussi demandé une étude d’impact sur ces sujets …


A la Douane, se pose la question des moyens humains affectés au contrôle. En effet si l’IA cible, ce n’est pas elle qui ouvrira les camions !


Pas de réponse de l’administration sur cette question…


Les objectifs de l’étude :


- Partager une définition des différents types d’IA ;
- Bénéficier d’une expertise pluridisciplinaire de haut niveau ;
- Contribuer au développement d’une politique RH plus qualitative reposant sur l’accompagnement des agents ;
- Disposer d’une méthode GPEC « pragmatique », commune au MEFSIN ;
- Définir les modalités de dialogue social associées au déploiement de systèmes d’IA,
- Alimenter la recherche publique à travers Labor IA.

 

Nous ne comprend pas le côté "pragmatique" évoqué... Pour notre fédération, l’IA impactera forcément des missions et donc les effectifs.

 

Vraies questions!

 

Quelles seront les conséquences en termes de redéploiement ou de recrutement, notamment dans le domaine de la data ?

Quels seront les moyens dédiés aux data scientist chargés de concevoir les modèles ?

Quel traitement pour les données sensibles, soumises au secret professionnel, à la RGPD ?

 


Pour l’administration, la GPEC « pragmatique » est justement de savoir qui nous allons recruter, mais sans parler de moyen bien entendu. En parallèle, le SG nous affirme que les suppressions d’emplois ne sont pas le prisme, que cette étude sera centrée sur les conditions de travail des agents. Cette étude va inclure un état des lieux pour ensuite adapter une GPEC.


On ne tournerait pas un peu en rond ?


Concernant la RGPD, le Ministère reste extrêmement vigilant. Afin de garantir la confidentialité, l’administration sera propriétaire de l’étude. L’INRIA poursuivant une mission d’intérêt général, des publications anonymisées pourront néanmoins être diffusées sur les résultats avec le préaccord du MEFSIN.


Périmètre, méthodologie et phasage de l’étude :


L’étude a débuté le 2 avril 2024 pour une durée de 12 mois (prolongation possible de 6 mois) selon 3 phases :


- Une phase initiale de documentation (2 mois) : analyse de l’existant en termes de données qualitatives et quantitatives,
- Une phase de conduite des travaux (9 mois) : méthodologie GPEC, référentiel d’impacts, effets qualitatifs de l’IA sur les métiers et compétences,
- Une phase de recommandations et proposition de plan d’action (1 mois).


La liste des métiers concernés est en cours de finalisation, seront également organisés des ateliers participatifs et des entretiens bilatéraux.


Des points d’information seront organisés avec les organisations syndicales ministérielles à la fin de chaque phase. Il est également proposé que les chercheurs de l’INRIA rencontrent les représentants des organisations syndicales qui le souhaitent, ce dont notre fédération  se félicite.


Pour nous, il est nécessaire d’accompagner le déploiement de l’Intelligence Artificielle dans sa mise en place afin d’éviter une déshumanisation du milieu professionnel qui peut prendre la forme d’une déqualification, d’un appauvrissement des tâches et des relations sociales.


L’Intelligence Artificielle interroge également l’autonomie de la personne et sa légitimité à prendre des décisions ?
 

La complexité de cette coexistence nous pousse à repenser nos politiques et nos stratégies en matière de santé au travail.
 

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