Le débat sur le service public ne peut pas se réduire à un débat sur le nombre de fonctionnaires dont il faudrait supprimer des postes
En l’espace de deux jours, deux candidats à la candidature présidentielle ont proposé 150.000 et 250.000 suppressions de postes de fonctionnaires. Le débat sur le service public se réduit donc à un débat sur le nombre de fonctionnaires dont il faudrait supprimer des postes. Le think-tank « Le sens du service public » (1) considère que le nombre de fonctionnaires doit provenir d'un choix de la Nation sur les missions qu'elle souhaite confier au service public.
Or, en proposant seulement un nombre de postes de fonctionnaires à supprimer, ces candidats réduisent la fonction publique à un coût et à des dépenses qu'il faudrait réduire, sans s'interroger sur les missions à rendre, à moderniser et (pourquoi pas ?) à supprimer. Encore faut-il assumer de les nommer, de préciser le niveau attendu de qualité du service public, l'évolution du nombre de lits à l'hôpital et celle du nombre d'élèves par classe. C'est en effet un épineux problème pour les candidats qui doivent composer avec l’attachement des Français à leurs services publics.
Réinterroger les services publics obligerait plutôt à proposer des évolutions de missions, un niveau de service rendu ou d'accompagnement des besoins sociaux aux Français, donc à présenter les missions pour lesquelles un haut niveau de qualité de service est attendu et celles pour lesquelles des efforts de productivité s'avèrent indispensables.
Ceci éviterait de stigmatiser les fonctionnaires en faisant peser sur eux une responsabilité qui ne leur incombe pas. En effet, aucune autre catégorie d’actifs n’a ce privilège : se voir considérés, non comme des contributeurs à l’avenir et la vie de la Nation, mais comme des dépenses considérées comme inutiles, en elles-mêmes, sans considération pour les missions qu’ils accomplissent.
En tant que candidats à la présidentielle, les politiques ont pour vocation d'être les employeurs de millions d'agents.
Donner du sens aux transformations, aux missions des administrations qui leur permettront de remplir leurs promesses et au service public fait partie de leur responsabilité politique.