Le 100 % télétravail : le Gouvernement confronté à la réalité du travail
Notre organisation syndicale a été conviée par la Ministre du Travail, Madame Elisabeth BORNE, à participer à une Visio conférence (8 février 2021) qui réunissait les représentants patronaux ainsi que syndicaux des branches de la Banque, de l’Assurance, des Agents généraux d’assurances, des Bureaux d’études techniques (BETIC) afin de faire le point sur le taux de télétravailleurs dans ces secteurs. Le message était clair : comment augmenter le taux de télétravailleurs(es) ? Le fameux slogan gouvernemental «100% télétravail ».
Pour nous, la défense des intérêts matériels et moraux des salariés, la préservation de leur sécurité et l’amélioration des conditions de travail sont des axes forts de nos revendications en toutes circonstances.
C’est pour cela que dès le début de cette crise épidémique, nous avons mis tout en œuvre afin de sécuriser les salariés, d’un point de vue sanitaire, mais également en revendiquant le maintien intégral de leur salaire et le maintien de conditions de travail acceptables.
Dans ces optiques, nous avons favorisé la mise en place du télétravail partout où cela était possible y compris, du moins au début, en faisant parfois le forcing auprès de certaines entreprises.
Cependant, nous avons toujours revendiqué que cette forme d’organisation de travail, ne se fasse pas à n’importe quel prix. C’est pour cela que nous avons participé à la négociation des accords sur le télétravail dans les entreprises, là où il existait déjà mais aussi là où il n’existait pas.
L’implication des salariés qui a permis aux entreprises de maintenir la continuité d’une activité essentielle pour la société, ne pouvait pas se faire sans un encadrement précis de cette organisation du travail.
C’est dans cet objectif, entre autres, que FO est déterminée à demander l’ouverture de négociations de branches sur le sujet du télétravail. Dans la branche de l’Assurance, cette négociation commence vendredi 12 février 2021. Dans la branche des Agences générales d’assurances, le sujet est programmé pour 2021. Enfin, il existe déjà un accord de branche dans le Courtage. Pour les Banques comme pour la branche BETIC, cela reste à définir…
- Volontariat : chaque salarié doit conserver son choix libre de cette forme du travail y compris sur des périodes longues et exceptionnelles. Le télétravail ne convient pas à tous les salariés, n’est pas possible pour tous les salariés (il faut encore noter, y compris en Région Parisienne, qu’il existe des zones blanches tant internet que réseau téléphonique). Il risque même de creuser les inégalités sociales qui peuvent préexister… ;
- Ouverture à tous les champs professionnels tant de distribution, de réseaux ou de back office, centraux et services informatiques ;
- Droit de retour sur un poste de travail ;
- Prise en charge des frais inhérents à ce type d’organisation du travail pour les salariés (électricité, chauffage, internet, eau, usage du local, adaptation du lieu de travail au domicile ;
- Garanties du maintien des prérogatives des IRP et des organisations syndicales, afin de conserver le lien social indispensable aux salariés.
On le voit bien, l’analyse de la réalité du travail, des conditions de vie des salariés ne sont pas compatibles avec l’idée de la généralisation du télétravail, même dans le cadre de la pandémie (les chiffres sur l’augmentation des violences domestiques – et notamment aux femmes ou aux enfants sont parlants). Les observations inquiétantes sur l’état de santé tant physique que psychologique de la population et notamment pour les jeunes (apprentis étudiants…) sont ainsi suffisamment éloquentes pour que l’hypothèse du 100% télétravail ne soit pas un objectif.
Les branches (employeurs et organisations syndicales) sont en train de négocier les modalités d’organisation permettant de faire face à cette situation sanitaire. Sur la question du télétravail, un ANI vient d’être signé. Il doit être décliné dans nos branches.
Pour notre organisation syndicale, le lien social est essentiel au travail (entre les collègues, les IRP, les syndicats et avec l’entreprise).
Nous entendons défendre la négociation collective à tous les niveaux et notamment au niveau des branches qui est le meilleur niveau afin de permettre la plus grande couverture de droits de l’ensemble des salariés.
C’est également un niveau pertinent pour décider de règles minimales de prise en charge des dépenses engagées par le salarié et induites par le télétravail. D’autant que, sur ce point et malgré sa volonté d’imposer le «100% Télétravail», l’Etat ne s’est nullement engagé sur la prise en charge du coût du télétravail pour le salarié.
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Télétravail low-cost à Orange
La ministre du Travail rappelle cette semaine que passer en télétravail ne doit pas être un coût pour le salarié.
Il appartient à l’employeur de couvrir les frais engendrés par le télétravail.
Une étude sur l’indemnisation des télétravailleurs a été menée par le cabinet ConvictionsRH, il en ressort que l’indemnisation des frais et l’équipement en mobilier est un enjeu prioritaire pour les télétravailleurs. Pourtant les résultats montrent que seulement 29% des télétravailleurs perçoivent une somme forfaitaire mensuelle et pour 84% des bénéficiaires, le montant varie de 20 à 200€/mois.
A noter également que 18% des télétravailleurs ont bénéficié d’une prime exceptionnelle en 2020 liée à la crise sanitaire, et que pour 70% d’entre eux le montant variait de 500 à 1500 €. En comparaison d’autres entreprises (ex CANDIA 45 €/mois avec matériel fourni, MATMUT 3 € net/jour télétravaillé plus une aide à la restauration), Orange fait figure de parent pauvre en n’octroyant que 15 € HT/mois de confinement, étendu aux mois de décembre 2020 janvier et février 2021.
Toute entreprise bénéficie, selon les règles URSAFF, de l’exonération des charges sociales pour le forfait mensuel : 10 euros par jour télétravaillé soit un maximum de 50 €/semaine pour un télétravail à temps plein.
Les frais engagés par le salarié en télétravail y sont décrits : frais fixes (ex loyer, taxes habitation, taxe foncière…) et frais variables (chauffage, électricité…) ainsi que les dépenses d’acquisition de mobilier.
FOCom rappelle à l’entreprise, qui se prétend avant-gardiste sur ce mode d’organisation du travail, qu’elle a le devoir de prendre en charge toutes les dépenses supportées par ses télétravailleurs.
Orange doit montrer l’exemple, le contexte de crise sanitaire et les difficultés des salariés l’y obligent d’autant plus.