La sobriété pose la question de la justice sociale et intergénérationnelle
La sobriété d’accord, mais pour qui ? pour quoi ? comment ?
Dans le dernier numéro de la Gazette de la société et des techniques (*) , Valérie Guillard, professeur de marketing de la sobriété, à l' université Paris Dauphine – PSL, s'est penchée sur le sujet en partant du constat que si une majorité de français est d'accord pour dire que, face aux enjeux climatiques et écologiques, et aux pénuries d’énergie qui menacent, il faut développer la sobriété....dans les faits...les pratiques sobres s’imposent encore très peu.
Qu’est-ce qui empêche ce mouvement ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que la sobriété, au-delà des mots ? Quelle définition retenir de la sobriété? Devenir sobre...pourquoi pas, mais comment?......vraies questions !
Le choix de la sobriété nécessite, du côté du consommateur, de vouloir, de faire et de pouvoir faire, trois conditions qui engagent entreprises, territoires et politiques publiques Les consommateurs ont-ils envie d’une vie sobre ? Se rendent-ils compte de ce qu’elle leur apporterait?
Pour l'auteure qui tente d'apporter nombre d'éléments de réflexion, , la sobriété pose donc la question de la justice sociale et intergénérationnelle. C’est d’ailleurs sans doute en définissant collectivement cette justice que la sobriété sera acceptable, pour tous...
Comment transformer la corvée de revoir sa consommation en jeu, en plaisir?....En lui trouvant du sens, en lui trouvant un intérêt.
Chacun doit faire sa part. Les organisations non marchandes peuvent créer , par exemple, des outils pour accompagner les personnes et les rassurer sur la voie à suivre.
Comment changer les représentations des consommateurs pour qu’ils voient les bénéfices d’un mode de vie sobre et non (uniquement) une privation ? En utilisant les outils du marketing pour mettre en avant ces bénéfices, par exemple en matière de bien-être.
Comment accompagner et soutenir les entreprises dans la transformation de leur modèle d’affaires (Niessen et Bocken, 2021)? Les politiques publiques ont leur rôle à jouer en orientant les actions à mettre en place par la fiscalité, par la législation (voir le collectif En Mode Climat, entreprises qui demandent au Gouvernement de réglementer ce secteur), afin d’agir avec bon sens sans oublier la consultation citoyenne.
La sobriété comme mode de vie est en effet systémique, car elle doit être le fruit des consommateurs et citoyens, des entreprises, des territoires et du Gouvernement pour un respect des générations futures par celui du vivant.
(*) Publication des Annales des Mines avec le concours du Conseil général de l’Économie et de l’École de Paris du management
