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La Mutualité Française interpelle la nouvelle Ministre sur le système de protection sociale
La lettre ouverte à l'attention de Mme la ministre Catherine Vautrin sur le système de protection sociale adressée la semaine dernière par Eric Chenut, président de la Mutualité Française à l'attention de Madame la ministre Catherine Vautrin, concernant les nécessaires réflexions et travaux de co-construction pour notre système de santé et notre système de protection sociale.
« Pour que nos enfants vivent mieux demain que nous aujourd’hui »
Madame la Ministre,
Suite à votre nomination, je tiens, au nom du Conseil d’administration de la Mutualité Française et de l’ensemble du mouvement mutualiste, à vous féliciter pour cette prise de fonction. Le portefeuille élargi dont vous avez désormais la responsabilité, couvrant le périmètre du Travail, de la Santé et des Solidarités, est plus que jamais au cœur des priorités des Français et de leur quotidien.
Accessibilité, qualité, innovation, humanité… La santé et les solidarités sont constitutives du contrat social de notre pays ainsi que de tous les défis auxquels notre société fait face aujourd’hui. Il n’est plus possible de parler d’urgence, il est devenu vital d’agir ensemble pour l’évolution de notre système, sa soutenabilité et la pérennisation des valeurs qui ont démontré leur puissance face aux crises récentes que nous avons traversées.
En ce début d'année et après de nombreux mouvements à la tête du ministère chargé de la Santé, vous comprendrez que je ne peux seulement me contenter de vous adresser les traditionnels vœux de réussite dans la réalisation de votre mission. Au plus vite, je souhaite porter à votre connaissance nos préoccupations concernant notre avenir commun en termes de santé et de protection sociale.
Nous avons alerté chacun de vos prédécesseurs sur la fissure grandissante de notre système. Vous en avez bien sûr connaissance, mais je me permets de mentionner quelques chiffres alarmants : un déficit de la Sécurité sociale prévu à hauteur de 17,5 milliards d'euros en 2027, des inquiétudes quant à l’avenir de la protection sociale pour 80% de nos concitoyens ou encore des soins difficiles d’accès pour 87% des Français confrontés à des déserts médicaux. Les propos du Président de la République répondent à notre conviction sur la nécessité de libérer du temps médical, en renforçant le partage de compétences et en déployant des équipes de soins traitantes pour mieux accompagner les patients.
A l’inverse, les récents débats sur le bien-fondé de l’Aide Médicale d’État inquiètent. Alors même que ce dispositif répond à des enjeux de santé publique pour l’ensemble de la population, mais également d’élémentaire humanité, celui-ci est remis en question. Pour le mouvement mutualiste, il s’agit bien d’un impératif à maintenir : il en va de nos valeurs républicaines mais également d’une logique pragmatique de santé publique.
Pleinement conscient de ce moment charnière dans lequel nous nous trouvons, je refuse de prendre le risque du délitement de notre système et de laisser nos concitoyens livrés à eux-mêmes. L’approche court-termiste et comptable en vigueur ne pourra jamais être synonyme de bien commun. Si elle perdure, elle ne fera que continuer à générer des inégalités sans résoudre la problématique de fond des facteurs d'évolution des dépenses de protection sociale. Il est plus que temps de poser les garanties d’une mobilisation focalisée sur l’efficience, la lutte contre la fraude et la pérennité du financement grâce à une approche globale et pluriannuelle de nos dispositifs.
Les enjeux de santé publique, et plus globalement les défis de notre société, nous obligent à repenser un système qui s’appuie sur le financement partagé entre l’assurance maladie obligatoire et les complémentaires santé, donc basé sur les principes de solidarité nationale, de mutualisation et portant l’ambition de l’universalisme.
Cette ambition, Madame la Ministre, ne peut se porter que collectivement ; une coopération les uns avec les autres qu’il nous faut retrouver. Tous les acteurs du système de santé et de protection sociale ont un rôle à jouer au service du bien commun, en complémentarité et en convergence, pour peu qu’une ambition partagée pour la France soit renouvelée en perspective de toutes ses solidarités. En ce sens, nos vœux pour cette nouvelle année sont ceux d’une feuille de route qui priorise quatre chantiers à même d’instaurer un modèle ambitieux et une méthode de travail qui s’appuient sur le savoir-faire des professionnels qui œuvrent chaque jour auprès de nos concitoyens.
Donnons-nous les moyens de :
- La prévention, pour assurer, résolument, le virage souhaité et annoncé par une approche personnalisée permettant de réduire les inégalités ;
- L’accès aux soins pour permettre à chacun de bénéficier, au bon moment, de l’accompagnement dont elle ou il a besoin ;
- L’autonomie, avec une prise en charge adaptée et à la hauteur des enjeux démographiques, en assurant une vraie place aux plus âgés et aux plus fragiles d’entre nous au sein de notre société ;
- Une priorité pour la santé mentale, cet enjeu clé, d’autant plus pour notre jeunesse. L'ambition affichée à l’égard des plus jeunes d’entre nous doit « s’armer » d’efficacité pour répondre à des problématiques diverses, dont l’utilisation des écrans dès les 1000 premiers jours ou encore les inquiétudes face aux troubles anxieux et éco-anxieux.
Si nous menons ces chantiers à bien, au niveau national et partout dans les territoires, nous aurons répondu à quelques grands enjeux de notre temps et aurons inscrit notre action dans la droite ligne de l’ambition de 1945 où « chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins ». Cette haute idée de la société portée par nos aînés est plus que jamais d’actualité. Il est donc plus que jamais temps, aussi, de trouver les leviers de cette incarnation, pour restaurer la confiance et le lien social dont notre pays a tant besoin. C’est ce que le mouvement mutualiste s’emploie à faire, au quotidien et au plus près de chacun.
J’en ai la conviction Madame la Ministre : le « réarmement » de la France souhaité par le Président de la République, au sens le plus noble et universel possible, passera forcément par là. « Au travail » vous a-t-il enjoint lors du premier Conseil des ministres. Nous sommes prêts à nous engager à vos côtés afin de construire très concrètement l’avenir des protections sociales durables et de participer à la régénération d’une citoyenneté sociale par un équilibre entre solidarités et responsabilités individuelle et collective. Le souhait « que nos enfants vivent mieux demain que nous aujourd’hui » ne peut être que partagé et la construction du futur de notre système de santé un travail prioritaire.
C’est dans cet esprit et dans la continuité de la démarche de concertation engagée par le Premier ministre, recevant les « forces vives » dès les premières heures suivant sa nomination, que la Mutualité Française se positionne.
- Protection sociale parrainé par MNH
- Relations sociales
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Non au doublement des franchises et participations forfaitaires
Non au doublement des franchises et participations forfaitaires aux frais de santé
Les 9 organisations de retraités (*) ont pris connaissance du discours de politique générale du
nouveau Premier Ministre Gabriel Attal qui confirme le doublement du montant des franchises
et participations forfaitaires restant à charge des assurés sociaux sur les actes médicaux, les
médicaments prescrits, les actes de biologie et de radiologie, les actes paramédicaux et les
transports sanitaires. Cette décision alourdit le reste à charge pesant sur les personnes retraitées
de 800 millions d’euros.
En outre, le plafonnement annuel à 50 euros de la franchise, jusqu’alors applicable pour
l’ensemble des assurés sociaux assujettis à la franchise, ne subsisterait que pour les assurés
sociaux en affection de longue durée (ALD). Plus aucun plafond annuel aux franchises médicales
ne serait prévu pour les autres assurés.
Outre le fait qu’elles culpabilisent les assurés, ces mesures s’ajoutent à une série d’augmentations,
qui pèsent lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages et fait craindre une augmentation du
renoncement aux soins pour les assurés les plus modestes, en particulier les retraités :
• Hausse des cotisations de complémentaires santé pour 2024 à la suite notamment des transferts
de charges de l’assurance maladie obligatoire vers l’assurance maladie complémentaire et du
déploiement de la réforme du 100 % santé, particulièrement inégalitaire et onéreuse.
• Tendance à l’augmentation des dépassements d’honoraires à la charge des assurés sociaux et
crainte d’une hausse du reste à charge pour les ménages, notamment pour les soins dentaires.
• Disparités en matière de reste à charge à l’échelle du territoire en particulier en fonction de
l’âge.
Les 9 organisations de retraités exigent donc le retrait des 3 projets de décrets visant à définir les
modalités de fixation du montant des franchises, à l’instar de la majorité du Conseil de la CNAM
(*) (UCR-CGT, UCR-FO, UNAR-CFTC, UNIR CFE-CGC, FSU, UNIRS-Solidaires, FGR-FP, Ensemble & Solidaires - UNRPA, LSR.)