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03 / 05 / 2021 | 285 vues
Jean Christophe Tirat / Membre
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Homologation de PSE, licenciements de salariés protégés et suppression du 13e mois : les mesures des casinos Barrière ne passent pas

Le groupe Barrière a unilatéralement décidé de suspendre les droits des salariés, tout en procédant à des licenciements de masse. En amont de ces projets, notre organisation syndicale a toujours indiqué que ceux-ci représentaient un risque tant ils étaient inopportuns, hâtivement élaborés et non conformes aux accords conventionnels applicables et à l’état de droit.

 

Aujourd’hui, les décisions commencent à tomber et vont toutes dans le même sens.


Enghien-les-Bains : refus du d’homologation du plan de sauvegarde de l’emploi visant 69 salariés :

  • non-respect des catégories professionnelles ;
  • mesures compensatoires insuffisantes et/ou ne représentant aucun avantage pour les salariés (notamment handicapés) ;
  • défaut d’information du CSE sur le PSE.

 

Saint-Raphaël : refus du licenciement de la déléguée syndicale FO :

  • au niveau des sociétés du groupe partageant la même activité, les documents financiers ne permettent pas d'apprécier que le secteur des jeux de tables est plus touché par les difficultés économiques justifiant la suppression de l’emploi de chef de partie.

 

Biarritz : refus de licenciement d'un élu FO au CSE au casino de Biarritz

  • la crise traversée est bien conjoncturelle et non structurelle ;
  • les catégories professionnelles n’ont pas été correctement appliquées, permettant ainsi l'identification des salariés ;
  • absence de détermination de critères d’ordre de départ ;
  • aucune proposition de reclassement ;
  • la relation entre la demande de licenciement et l’exercice du mandat ne pouvait être exclue.

 

Groupe : condamnation sur le 13e mois

  • Suite à la suppression du 13e mois dans tout le groupe, le tribunal judiciaire de Pontoise a reconnu que l’accord collectif de rémunération de l’union économique et sociale du ressort Barrière d’Enghien-les-Bains et la charte de reprise du groupe ont été violés, causant ainsi un préjudice à l’intérêt collectif de la profession.

 

Le constat est imparable et ne semble pourtant pas relever de l’hallucination collective des juridictions, de l’administration ou des syndicats. Non, les raisons sont plus simples et tiennent à l’approximation des mesures mises en œuvre au sein du groupe. Ces décisions ne sont que le fruit des erreurs du seul groupe. Le plus dramatique est assurément que certaines de ces décisions pourraient trouver application pour une grande partie des salariés déjà licenciés, engendrant un risque financier majeur.

 

Dans la vie, chacun peut se tromper, le tout étant de savoir en tirer les enseignements, pour mieux rebâtir. Mais le groupe nous a malheureusement trop souvent démontré son jusqu’au-boutisme. Les décisions prises verticalement par certains membres du comité exécutif ou certains directeurs généraux mettent aujourd’hui le groupe et son patrimoine en danger. Certaines décisions financières ou métiers fragilisent l’intégralité de nos entreprises dans leur organisation et dans les valeurs qu’elles portent.

 

Développer le « snacking » au détriment de la restauration, supprimer progressivement les cuisines de production au profit de cuisines d’assemblage, mettre nos différentes activités en concurrence plutôt que d’assurer la synergie de l’offre (suppression du Punto-Banco à Enghien afin d’artificiellement augmenter les chiffres du club 104), utiliser les casinos pour développer les paris sportifs (à leur détriment et à celui des redevances municipales), baisser la qualité de service aux clients et supprimer des jeux pourtant rentables alors que le modèle de casino à le française repose sur la diversité de l’offre ne sont pas les valeurs historiques de Barrière.

 

Par son savoir-faire et ses compétences, chaque salarié est un maillon essentiel de ce concept de luxe à la française et ce sont ces derniers qui sont aujourd’hui en ligne de mire. Cette gestion minimaliste et peu ambitieuse, qui rend le salarié responsable de tous les maux, a vécu.

 

La conduite du changement défaillante telle que menée par le groupe tient essentiellement à l’absence de vision prospective à moyen terme sur nos métiers, au défaut de dialogue et de co-construction impliquant les salariés et leurs représentants. Imposer des mesures verticales et brutales et remplacer une offre commerciale par une autre ne sont pas pour nous des éléments de progrès. Ce n’est qu’une gestion passéiste, imprégnée des années 1990. Il est grand temps que les choses changent. Cette crise a assurément été mal gérée. Mais nous pouvons toujours en sortir par le haut et le dialogue, si tant est que nos interlocuteurs disposent d’un véritable mandat social.

 

Notre syndicat est ouvert à une sortie de crise négociée, qui préserve notre bel outil de travail et nos métiers dans toute leur diversité. Les casinos de demain ne seront pas des entreprises sans salariés et sans service dispensé au client. Il serait illusoire de le croire.

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