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06 / 03 / 2023 | 950 vues
Claude Pichot / Membre
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Financement des retraites par répartition : et si nous changions de paradigme ?

Aujourd’hui, avec le système de retraite par répartition actuel, les cotisations salariales et patronales des actifs sont prélevées par les employeurs et versées aux caisses de retraite de base et complémentaires. Calculées sur le salaire brut des 21,5 millions de salariés, ces cotisations permettent aux caisses de retraite de payer les pensions de 16,5 millions de retraités, ce qui représentait 331,6 Md€ en 2021 (1) .

 

Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), les prévisions de déficit de recettes des régimes de retraite oscillent entre 13 et 18 Md€ par an, financés par l’emprunt. Les comptes des caisses de retraite seraient en équilibre avec 350 Md€ de cotisations. Mais faute de pouvoir limiter la durée de
vie ou de plafonner l’âge du décès, la logique comptable conduit arithmétiquement à allonger la durée de cotisation et retarder l’âge de la retraite pour équilibrer les comptes…


Dans le même temps, les 29,5 millions de ménages -salariés et retraités- dépensent chaque année 48,2 milliards d’euros en énergie non décarbonée pour leur logement (électricité, chaleur distribuée par réseau, gaz et autres combustibles) (2) .
 


Et si la logique changeait ?
 

Et si le flux financier des cotisations qui représente 14,7% du PIB et près de 332 Md€ par an « produisait » autre chose que le paiement des retraites diminué des intérêts payés aux banques pour le financement du besoin de fonds de roulement ?


Et si ce flux financier était investi par les caisses de retraite dans la transition énergétique pour produire, à partir du rayonnement solaire, l’énergie que consomment les 29,5 millions de ménages (3 )pour leur logement ? Energie à laquelle ils consacrent 48,2 Md€ (4) -4,5 % de leur revenu (5) - pour les 265
TWh d’énergie thermique et 158,4 TWh d’électricité qu’ils payent aux fournisseurs de gaz, de gazole et d’électricité, énergie loin d’être renouvelable et décarbonée aujourd’hui. 


Investir dans l’utilisation répartie de l’énergie solaire


Pour couvrir les besoins des ménages en énergie pour leur logement, un système de production utilisant l’énergie gratuite du Soleil nécessite 445 milliards d’€uro d’investissements répartis, soit :
 

  • 217 milliards d’€uro d’investissements en photovoltaïque réparti pour produire 158,4 TWh par an, aux conditions techniques et économiques actuelles (production 160 kWh/m2, durée de vie 20 ans, amortissement sur 20 ans, coût d’installation 490 €/m2) pour une production cumulée de 3168 TWh sur 20 ans.
  • 228 milliards d’€ d’investissement en thermique solaire réparti pour produire 265 TWh d’énergie thermique par an sur les bases actuelles (production 350kWh/m2, durée de vie de 20 ans, amortissement sur 20 ans, coût d’installation 300 €/m2) pour une production cumulée sur 20 ans de 5300 TWh
     


Autrement dit, en investissant 445 Md€ (moins d’une année et demi de recettes de cotisations) dans la transition énergétique et l’utilisation de l’énergie solaire au bénéfice des ménages, salariés et retraités, les caisses de retraite disposeraient, sans modifier l’âge de départ à la retraite, d’une
ressource annuelle complémentaire « énergie décarbonée » de 48,2 Md€ payés par les ménages en sus des 332 Md€ de cotisations collectées.


Avec 380 Md€ de recettes pour 350 Md€ de pensions de retraites à verser pour un régime à l’équilibre, 30 Md€ d’excédents annuels rémunèreraient l’investissement de 445 Md€ à 6,7% par an soit un temps de retour sur investissement de 15 ans environ.


Mais cet excédent pourrait être consacré pour moitié à l’augmentation des pensions des retraités, avec une incidence 150 € par mois sur les pensions versées, l’autre moitié à la rémunération des capitaux investis.


Le prélèvement énergie pour le logement ne serait plus lié aux fluctuations des coûts de l’énergie primaire, car la privatisation du Soleil, n’en déplaise aux pétroliers, n’est pas pour demain… Mais les thuriféraires de la vision à court terme objecteront qu’avec l’accroissement de l’espérance
de vie, il faut travailler plus longtemps, point ! Qu’utiliser l’énergie solaire, c’est faire la part belle à la Chine…


Investir 445 Md€ dans la transition énergétique, c’est changer de paradigme pour les caisses de retraite en produisant l’électricité et la chaleur consommée par les ménages pour pérenniser le système par répartition. Cela nécessite une politique industrielle éclairée par un commissariat à la recherche sur la conversion de l’énergie solaire. Un maître d’ouvrage associant caisses de retraites et acteurs de la transition énergétique solaire, chargé de l’industrialisation de la fabrication des composants et de leur mise en œuvre répartie. Des régions d’équipement photovoltaïque et thermique pour la maîtrise d’œuvre et l’installation chez les particuliers, le suivi de la production répartie et la maintenance.

 

1 Masses financières relatives aux pensions de retraite en 2020 DREES
2 Chiffres clés de l’énergie Données 2020 (46,4 milliards d’euros en carburants, 48,3 énergies logement)
3 Salariés et retraités
4 DATALAB Bilan énergétique de la France 2020
5 Chiffres clés de l’énergie Données 2021

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