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15 / 03 / 2023 | 104 vues
Jean-Philippe Milesy / Membre
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Faire prévaloir la demande sur l'offre : la base de l’ESS !

Je voudrais en cette chronique revenir sur une réunion à mes yeux des plus intéressantes: Le LabOcirp qu’anime Jean-Manuel Kupiec donnait ce jour là la parole au Collectif France pour l’Appui à la Demande (CFAD) qui a été créé par des structures et groupements agissant dans le champ du handicap à partir des dispositifs Assistance au Projet de Vie (APV) nés en 2015.

 

Avec le soutien de Nexem, principal groupement d’employeurs du secteur du médico-social et que préside Philippe Calmette, le Collectif s’est donné pour mission de développer l’expertise au bénéfice des personnes en situation de handicap et de leurs familles, en articulant l’action, la recherche et la formation. Mais plus fondamentalement, comme le soulignait Philippe Calmette qui est aussi vice-président du collectif, il s’agit de changer profondément de paradigme.

 

Les premiers établissements créés dans les années 50 à l’initiative des intéressés eux-mêmes, sont devenus assez vite des structures gestionnaires perdant peu ou prou les contacts La Lettre mensuelle du CIRIEC-France (mars 2023) Page 10 avec les bénéficiaires et se retrouvant pilotée par l’offre de services parfois en décalage avec les besoins réels de ceux-ci.

 

L’objectif du collectif est de replacer la personne en situation de handicap au cœur du dispositif et comme l’exprimait Jacques Daniel, président du CFAD, de lui redonner la parole dans la conduite des associations partenaires.

 

Le changement de paradigme consiste en fait à retrouver l’essence de l’Économie sociale et solidaire dont se réclame pleinement Philippe Calmette. On a dit que l’Économie sociale était « fille de la nécessité » ; dès leurs origines, ses formes premières, sociétés de secours mutuel, associations ouvrières de productions, coopératives de consommation, caisses de crédit populaire, associations d’éducation populaire, étaient créées par des femmes et des hommes en réponse à leurs besoins essentiels ou à leurs projets collectifs.

 

En 2013, Jacques Fournier, président d’honneur du CiriecFrance, faisait paraître, chez Odile Jacob, « L’économie des besoins ». Si il y voyait avant tout « une nouvelle approche du service public » et d’une réponse au président de la République qui socialiste comme lui, s’était néanmoins converti à l’économie de l’offre, c’est, là encore, à un changement de paradigme qu’il nous invitait, nous militants de l’économie collective, c’est à dire de l’ensemble Économie sociale et solidaire et Économie publique, au service de l’intérêt général et des besoins des populations.

 

Voir ainsi un groupement important de l’ESS - les structures de Nemex employant 380.000 personnes- revenir avec force dispositif aux principes fondateurs de l’Économie sociale est un encouragement pour toutes celles, tous ceux qui s’engagent dans un ESS de transformation et d’émancipation. C’est aussi un exemple d’outil commun et d’invitation à la coopération entre structures trop souvent placées en situation de concurrence par les effets de l’imprégnation libérale de la société.

 

Lors de cette réunion, le CFAD s’adressaient à de nombreux responsables de mutuelles et d’institutions de prévoyance. Or celles-ci vivent ces mêmes ces situations de concurrence, le plus souvent instaurées ou favorisées par des accords et législations nationales, des directives européennes. Elles sont ainsi amenées à des pratiques de l’offre, sans que les demandes, les besoins réels et les priorités des adhérents, qu’un président de la Fédération Nationale de la Mutualité Française des année 2000 se plaisait à appeler « clients » soient toujours entendues.

 

Alors que le Haut Conseil de la Vie Associative adoptait, en septembre 2022, un rapport sur la concurrence à laquelle étaient soumises les associations et sur les effets délétères de celle–ci tant sur les structures que sur les publics, il appartient à l’ensemble de l’ESS de retrouver cette approche par la demande si elle veut devenir, comme Jérôme Saddier l’y invite, « la norme de l’économie de demain ».

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