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« Nous serions donc en perte dès cette année si nous payions le pétrole au prix du marché » - Jean-Cyril Spinetta – Air France KLM
Le coût du pétrole
« Récemment à la réunion annuelle des compagnies IATA, le bilan consolidé des compagnies a fait ressortir une facture pétrolière des compagnies en 2007 de 136 milliards de dollars. Sur la base du prix du pétrole au mois de juin 2008 (130 dollars le baril), la facture additionnelle serait de 99 milliards de dollars, soit 235 milliards. »
« Il s’agit d’un véritable séisme pour notre métier »
- En 97 le pétrole représentait entre 5 et 7 % de l’ensemble des coûts d’Air France
- En 2000, 14 %
- En 2007, 29 %
- En 2008, de 35 à 40 % sur la base actuelle du prix du pétrole
« IATA a annoncé des pertes de 7 milliards de dollars pour l’ensemble des compagnies (probablement plus, entre 15 et 25 milliards de dollars). Depuis début 2008, 25 compagnies ont fait faillite. »
« Il s’agit d’un véritable séisme pour notre métier, il faut que tous les salariés Air France le sachent bien. Il n’y a pas une seule compagnie aérienne au monde qui est ou serait rentable si elle paye ou payait le pétrole au prix du marché. »
L’assurance d’une bonne couverture jusqu’en 2012
« Vous entendez souvent parler de couverture. AF-KLM est la compagnie qui a la meilleure couverture en Europe et peut être une des meilleures au monde. »
Couverture pétrolière ?
« Achat à l’avance de pétrole à un prix donné auprès d’organismes bancaires spécialisés qui nous reversent la différence si le prix du pétrole a augmenté entre temps et auxquels nous reversons de l’argent si le prix du pétrole baisse »
« Si nous n’avions pas de couverture, nous perdrions au moins 1 milliard de dollars cette année »
« Ces couvertures représentaient un avantage supérieur à 1 milliard de dollars l’année dernière et plus de 3 milliards de dollars cette année, idem pour l’année prochaine, plus que 2 milliards de dollars en 2010 et un peu moins de 1 milliard de dollars en 2011. »
« Cela veut bien dire que si nous n’avions pas de couverture, nous perdrions au moins 1 milliard de dollars cette année et c’est seulement grâce à cela que nous dégageons des bénéfices. »
« Nous serions donc en perte dès cette année si nous payions le pétrole au prix du marché. »
L’échéance 2012
Selon le PDG d’Air France il ne faut pas croire que « le système des couvertures va durer éternellement…Si le prix reste stable, on ne trouvera plus de couvertures en dessous du prix du marché. Ainsi actuellement, on ne trouve plus de couvertures en dessous de 125 dollars. En l’état actuel, elles cesseront progressivement d’être efficaces en 2013. »
« Notre vrai rendez-vous est 2012-2013 au moment où, n’ayant plus de couvertures, nous payerons nous aussi le pétrole au prix du marché. Si à ce moment-là nos concurrents ont réduit leurs coûts mais pas nous, nous serons dans une situation extraordinairement difficile. »
Plus de réductions de coûts, plus de productivité
A partir de là, Jean-cyril Spinetta entre dans le vif du sujet.
« Nous allons donc être obligés de faire de gros efforts en matière de réduction des coûts. Nous n’avons pas d’autres choix. C’est une question de survie. »
« Pour tous les métiers de l’entreprise (sauf PNC), il a été décidé un gel des embauches et nous allons travailler avec tous les métiers de l’entreprise sur des mesures structurelles d’économie nous permettant de faire les ajustements nécessaires à l’horizon 2012. »
« Le programme Challenge 2010 a été récemment amplifié de 170 millions d’euros, soit aux alentours de 600 millions euros en tout d’objectifs de réduction des coûts »
A la question d’un PNC sur l’augmentation des salaires de 6 % accordée par Lufthansa, le PDG explique que la compagnie allemande « a traversé une période difficile de 2000 à 2006 durant laquelle ils ont subi des blocages de salaires alors que les salariés d'AF ont vu leur salaire évoluer normalement durant cette période. »
Il en profite au passage pour lancer que « les accords signés en mai seront respectés, mais on devra reparler de certains sujets. Il y a notamment un problème de comportements individuels. L'absentéisme est mauvais pour l'entreprise ; le contrat demande une forme de morale individuelle. »
Un petit message aux syndicats : « je l’ai dit aux secrétaires généraux des syndicats de l’entreprise, il s’agit là d’une bataille pour l’emploi. »
Nouveau modèle économique
« Il y a donc une révision totale de nos modèles économiques »
« La 1ere réponse du secteur va être d’augmenter ses tarifs parce que nous n’avons pas le choix, et ce, malgré la baisse de la demande qui est constatée. »
« D’autres compagnies vont disparaître et ainsi nous devrions récupérer leurs flux de trafic.»
Le rythme de croissance, est annoncé à 2 % par, an sur les 3 prochaines années au lieu des 4 % prévus.
« Pourquoi rester avec une hypothèse positive ? Parce que d’autres compagnies vont disparaître et ainsi nous devrions récupérer leurs flux de trafic. Nous sommes donc toujours dans une logique de conquête de marchés et non de régression »
A la question d’un PNC sur « l'association avec Veolia pour la prise de parts de marché sur le rail ? », voici la réponse du PDG :« le but de ce projet, c'est de garder le contact avec la clientèle nationale pour continuer de « rayonner » sur le long-courrier. Or le TGV fait beaucoup de mal à AF : fermeture de certaines lignes comme Avignon ou Rennes. À titre d'exemple, nous transportons 250 000 passagers sur Lyon et sans le TGV nous en transporterions 6 millions ! Il est tout d'abord prévu une ouverture partielle du réseau ferré en 2010 (en cabotage) puis une ouverture totale aux alentours de 2015/2016. On a fait appel à Veolia pour leur expertise en la matière ; nous apporterons notre connaissance des passagers. »