Participatif
ACCÈS PUBLIC
18 / 10 / 2013 | 4 vues
Eric Chauvel / Membre
Articles : 6
Inscrit(e) le 08 / 07 / 2009

No man’s land règlementaire pour le PNC d'Air France en province : conséquences d'une inconséquence

Nous avons été informés, que trois organisations professionnelles du personnel navigant commercial (PNC) d'Air France (le SNPNC-FO, l’UNSA et Sud) avaient gagné en référé sur l’interdiction d’appliquer la note de direction base province 11-13, qui détermine de façon unilatérale les règles de travail de nos collègues du PNC, affectés sur les bases de province.

La justice a été saisie, le juge a dit la loi

Nous n’avons pas l’habitude de commenter les décisions de justice, nous pouvons tout simplement parfois les regretter.

À l’UNAC, nous avions été les seuls à signer l’accord base province, qui de fait ne recueillait pas les 30 % nécessaires à sa validité. Nous pensons qu’un accord, même quand il n’est pas totalement satisfaisant, a l’avantage d’être protecteur puisque contractuel.

Si nous redoutions de laisser les mains libres à l’entreprise pour modifier à loisir sa note de direction, nous n’avions pas imaginé que le danger pouvait venir des rangs syndicaux.
Lors des négociations « transform », nous avons jusqu’au bout revendiqué la réouverture de négociations sur les bases de province, dans le but d’intégrer un chapitre spécifique de l’accord collectif du PNC. C’est le président lui-même qui avait arbitré en nous disant qu’il était trop tôt pour aborder ce sujet.

Conséquences ?

Non contents d’avoir été régis par une note de service, modifiable à loisir de façon unilatérale par la direction, nos collègues des bases de province se retrouvent dans un no man’s land règlementaire. En effet, il semblerait que si le jugement précise que la note de direction ne s’applique pas, il ne donne aucune indication de remplacement. Or, le chapitre G de l’ACG ne traite que des bases parisiennes.

Au mieux, la direction pourrait appliquer ces normes de travail, qui ne sont pas adaptées au modèle économique base province et le PNC verrait ses normes d’utilisation changer.

Au pire, elle pourrait abandonner sa stratégie de déploiement des bases provinces et rapatrier tout le monde dans le Nord, avec sa cohorte de drames sociaux.

Nous osons croire encore à de vieilles valeurs syndicales, celles que nos anciens nous ont transmises : la défense collective d’une corporation, la préservation des emplois et la contractualisation des conditions de travail.

Ces valeurs semblent être devenues désuètes dans un monde du travail où tout est fait pour laisser croire qu’il faut à tout prix satisfaire les individualités. Tristement, le constat est des plus banals, vu l’ampleur de la difficulté d’organiser la satisfaction collective, il est plus simple de laisser croire les salariés à la revendication individuelle.

La politique du « moi » fait des ravages

Moi, je préfère obtenir plus de repos en escale ; moi, plus de repos à la base ; moi, plus de pognon…

La diversité et les attentes sont si nombreuses, qu’elles servent bien souvent de prétextes aux directions pour dire non aux attentes collectives. Elles servent aussi le terreau populiste des organisations professionnelles qui se refusent à déterminer et hiérarchiser leurs positions, de peur de perdre des voix. La conséquence de cet état de fait se traduit irrémédiablement par la fragmentation du collectif et fragilise l’environnement de travail du salarié.

Quand les débats de forme percutent le fondement syndical

Mais il y a pire, c’est le manque de prospective, de vision élargie des actes que l’on pose qui, sous couvert de dogmatisme ou d’une quelconque légitimité, font le malheur d’une partie de la collectivité que l’on entend défendre et représenter.

Après la contestation devant les tribunaux, de la mise en application du TMR qui satisfaisait pourtant une certaine partiee du PNC, c’est avec la même recette que les règles unilatérales appliquées sur les bases provinces ont été déclarées illégales.

  • Non parce qu’elles étaient mauvaises ou pires mais tout simplement parce que la législation du travail interdit à un employeur d’appliquer unilatéralement des règles qui touchent à la durée du temps de travail, dès lors où elles ont été négociées dans un accord qui n’a pas recueilli 30 %.

Nous nous en étions inquiétés auprès de la direction, lors de l’ouverture des bases province. Tout était soi-disant « bétonné » par le juridique, on voit ce que donne la maçonnerie Air France.

Au-delà de la déconfiture juridique, des rumeurs de complots qui ne vont pas manquer d’être propagées, à qui profite ce jugement ? Est-ce une tactique pour justifier la fermeture des bases déficitaires ? Ce qui nous préoccupe c’est l’avenir de nos collègues basés en province.

Dans l’hypothèse d’une fermeture, ce sont environ 700 collègues volontaires qui seraient rapatriés sur les bases parisiennes ; 700 situations personnelles avec des problématiques toutes différentes. Bref, un drame social.

Mais aussi un potentiel sureffectif supplémentaire de 700 membres du PNC qui s’ajoute aux 750 annoncés. Que vont devenir ces 700 emplois ?

Nous demandons ce jour, à la direction, de rouvrir de façon urgente les négociations sur les bases de province.

Nous ne pouvons que déplorer cette casse sociale, qu’importe qui en porte la responsabilité, la boîte, un juge, des organisations professionnelles... Peu importe. Ce qui compte dorénavant c’est de trouver une solution rapide. Pour cette raison, dès hier, nous avons très officiellement demandé à la direction l’ouverture immédiate de négociations afin d’obtenir un accord sur les bases de province. Parce que sans solution, ce sont finalement des membres du PNC qui vont payer l’addition et nous nous doutons qu’elle sera lourde de conséquences.

À qui le tour ?

Après le PNC MC qui n’a pas été épargné par les mesures « tranform », les cadres du PNC dont on peut craindre un début de voie d’extermination, les membres du PNC bases province qui auraient trahi la collectivité PNC en acceptant des avenants aux contrats de travail, qui va en prendre pour son grade ? À qui le tour ?

Les CCP dont certains pensent et disent tout haut qu’ils ne fichent rien à bord, les CC qui exercent les mêmes tâches que les HST, les nantis de l’Asie, les minoritaires du COI, les provinciaux... ?

Le morcellement de la corporation est en marche, ne nous voilons pas la face, c’est un désespérant constat. Il est grand temps de serrer les rangs PNC et ne pas céder aux « sauve qui peut populistes » qui consistent à penser que « tant que ça n’est pas moi, je ne suis pas concerné ».

Le cynisme de cette situation, c’est alors que la législation tente de forcer les directions et partenaires sociaux au dialogue et à la contractualisation, nous risquons de prendre le chemin à contre-sens.

  • Le morcellement de la collectivité force l'individualisme, l'individualisme fragilise la revendication collective et suscite la mise en œuvre de règles unilatérales par l'entreprise.
  • L’application unilatérale de règles non négociées favorise la contestation collective. La contestation collective fédère les coroporations, comme quoi rien n'est perdu.

Inconséquence : Subst. Fémin. Manque d’esprit, de logique dans la pensée, les paroles ou la conduite. Synon. Incohérence, légèreté, irréflexion, caprice, fantaisie
L’inconséquence de sa conduite a provoqué de nombreux drames familiaux...

Pas encore de commentaires