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09 / 11 / 2010 | 5 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Négociations salariales à Canal+ : quelques réalités chiffrées

La NAO ou négociation annuelle obligatoire, débute ce mardi. Il nous apparaît dès lors intéressant de mettre en perspective quelques réalités chiffrées, alors que l'enjeu est d'importance pour les 3 200 salariés de l'UES Canal+.

  • 4,75 % : c'est le coût global de la masse salariale rapportée au chiffre d'affaire.
  • 1,4 % : c'est l'augmentation de la masse salariale par rapport à l'année 2008.
    • Cette très faible évolution permet juste le maintien de la rémunération moyenne, avec évidemment de fortes disparités selon les secteurs et les services.
  • 7,6 % : c'est le montant total de ce que coûtent les rémunérations versées dans le groupe.
    • Il est vrai que ramené, par exemple, au 1,2 milliard d'euros dépensés en coût de programmes, cela pèse bien peu...


Ce rappel de chiffres, que chacun peut se procurer dans les différents rapports publics diffusés par Vivendi ou Canal+, démontrent s'il le fallait que le coût en salaires est d'un niveau extrêmement faible chez nous.

Stagnation


Il apparaît également, c'est une constante depuis quelques années, que cette masse salariale stagne alors que les développements de l'entreprise justifieraient qu'elle progresse.

Ce phénomène peut s'expliquer en partie de deux manières.

La première, c'est la réduction de la masse salariale par un niveau d'embauche très faible, pour ne pas dire inexistant, alors que de nombreux départs sont loin d’êtres compensés.

La seconde explication pourrait être ces très faibles augmentations de salaires consenties depuis plusieurs années. Il est vrai que Canal+ n’a plus depuis longtemps cette volonté de partager avec tous les résultats obtenus grâce au travail de chacun. C’est une époque largement révolue et, de ce point de vue, nous somme rentrés dans le lot commun des entreprises françaises…

  • Benchmark oblige, Canal+ ne se distingue plus de la politique sociale menée par de grandes entreprises françaises.


Le marché du travail permet de justifier cette dérive, mais ce n'est pas le seul élément éclairant de cette situation.

Il est clairement établi que nos entreprises préfèrent réduire leurs coûts salariaux directs en privilégiant le travail précaire, les consultants, les prestataires, les stagiaires, les CDD, les intermittents etc., plutôt que d'engager une politique volontariste de gestion à moyen terme des carrières de salariés.

De quoi sera donc fait demain ?

  • L'incertitude économique pourrait expliquer cette prudence de nos dirigeants. Mais si cela se comprend dans des entreprises de services où la masse salariale peut peser jusqu'à 50 % du chiffre d'affaire, c'est plus préoccupant pour des entreprises comme les nôtres où la masse salariale pèse si peu !


En fait, il s'agit plutôt de généraliser le principe de précaution au regard du « risque social ».

Que fera-t-on de ces salariés dans quelques années, alors que le renouvellement des technologies, l’évolution du marché, la concurrence etc. imposent un renouvellement du corps social de l’entreprise quasi permanent ? Cela reste évidemment à démontrer, car la paupérisation, y compris de l’encadrement, ne sera pas source de stabilité sociale…

Cette politique fait des ravages.

D'abord parce qu’une majorité de salariés perd du pouvoir d'achat année après année, ensuite parce que nos entreprises deviennent des entreprises sans mémoire, sans passé... Elles doivent vivre l'instant présent, sans contraintes, sans contre-pouvoir aucun, de la flexibilité, et peu importe si le malaise des salariés grandit à vue d’œil…

Car, selon nos dirigeants, un salarié en CDI serait un salarié qui s'installerait dans la durée, sans grande capacité de renouvellement, avec une perte de créativité accélérée, avec un coût qui mécaniquement augmenterait chaque année…

Ce mode de management des ressources humaines fait exploser la dynamique sociale de nos entreprises en les enfermant dans le court terme sans autre alternative pour chacun que de se repositionner en permanence sur le marché du travail.

C’est une ineptie aux conséquences dramatiques et fâcheuses sur le climat social.

Seconde réunion, le 19 novembre.

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