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02 / 12 / 2014 | 444 vues
Secafi (Groupe Alpha) / Abonné
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Les représentants du personnel sont-ils protégés des risques psychosociaux ?

La prévention des risques psychosociaux au travail, au cœur des réflexions depuis plusieurs années, a donné lieu à de nombreuses études permettant une meilleure appréhension de la problématique. Mais qu’en est-il des spécificités de l’exposition à ces risques pour les représentants du personnel ? Sont-ils, en raison des conditions parfois difficiles d’exercice de leur mandat, exposés à des facteurs de RPS spécifiques ? Ou leur mandat et les conditions de son exercice constituent-ils une ressource pour y faire face ? Une source d’épanouissement ? Autant de questions auxquelles le Centre Études & Prospective (CEP) et Secafi, deux structures du groupe Alpha, qui regroupent des chercheurs et des experts auprès des CHSCT, proposent de répondre à travers une étude dont les résultats sont attendus d’ici avril 2015. Précisions avec Élodie Montreuil, experte auprès des CHSCT chez Secafi, et Claire Blondet, chargée d’études au CEP.

Quelles raisons ont motivé votre démarche et cette étude sur l’exposition des représentants du personnel aux risques psychosociaux ?

Élodie Montreuil : Dans le cadre des missions d’expertise et d’accompagnement des institutions représentatives du personnel que nous réalisons, nous observons que les conditions d’exercice du mandat peuvent à la fois être source d’un réel épanouissement mais également très anxiogènes pour les élus. Certains parviennent à se protéger grâce à de réels leviers de régulation (sens apporté par le mandat, développement des compétences etc.), alors que pour d’autres, l’exercice de leur mandat peut générer des situations de mal-être, d’épuisement etc. La confrontation des élus à des contextes de restructurations et/ou de situations dramatiques, telles que le suicide d’un salarié en entreprise, sont particulièrement pathogènes.

Les représentants du personnel ne sont pas forcément conscients des facteurs de RPS auxquels ils sont eux-mêmes confrontés. De plus, ils ne disposent pas forcément de dispositifs spécifiques pour être aidés en cas de difficultés. Ce sujet est donc crucial, car il pose la question de la santé des élus et mandatés, en premier lieu, mais également des leviers de régulation et de prévention pour exercer, dans des conditions favorables, son mandat. C’est une problématique importante, en lien aussi avec les perspectives d’engagement et de renouvellement du mandat.

Nous avons donc souhaité aller plus loin, approfondir les remontées que nous avions du terrain et nous avons constaté que très peu d’études sur les RPS concernaient les représentants du personnel. De là, l’idée de cette étude, en lien avec le Centre Études & Prospective du groupe Alpha et du questionnaire, qui retranscrira le vécu des représentants du personnel et que nous avons bâti après la réalisation d’un pré-diagnostic sur cette problématique.

Claire Blondet : Nous avions en effet constaté que ce sujet était un champ à défricher. Nous nous sommes interrogées sur l’absence de la question syndicale dans la plupart des études et recherches portant sur les RPS. Il nous a semblé important de creuser la question. C’est un « point aveugle » qui soulève des questions.

 

Comment avez-vous procédé auprès de vos principaux interlocuteurs ? Pour quels objectifs ?

Élodie Montreuil : D’abord, pouvoir y voir plus clair et apporter des connaissances sur un sujet peu connu. C’est la raison pour laquelle nous avons traité ce sujet sous un angle double : recherche, d’un côté, avec le CEP et terrain, de l’autre, avec Secafi. Une phase d’entretiens a été réalisée auprès d’élus, de responsables syndicaux, de médecins du travail et d’inspecteurs du travail pour obtenir une première analyse de la situation. Cela nous a également permis de poser les premières hypothèses de travail sur la question et d’élaborer le questionnaire en ligne, auquel nous invitons les représentants du personnel à répondre.

Ainsi, à partir de cet état des lieux et grâce aux réponses au questionnaire, nous pourrons identifier les facteurs de RPS et les facteurs ressources des représentants du personnel dans l’exercice de leur mandat. D’où l’importance que nous ayons un bon taux de retour à l’enquête que nous avons mise en place.

Pensez-vous que les représentants du personnel peuvent être exposés à des facteurs spécifiques ?

Élodie Montreuil : C’est effectivement l’une de nos interrogations. Face à la montée des RPS dans les entreprises, du mal-être des salariés, les élus constituent souvent l'un des premiers interlocuteurs vers qui l'on peut se tourner pour avoir une écoute, un appui… Cela a évidemment un effet sur les élus qui ne sont pas psychologues du travail ni médecins du travail et qui se retrouvent confrontés au quotidien à des situations fortement anxiogènes. En outre, les représentants du personnel sont exposés en première ligne dans l’entreprise. Ils ressentent plus que d’autres la qualité ou non des rapports sociaux au travail sur laquelle ils peuvent avoir parfois peu de marge de manœuvre. Enfin, ils peuvent également souffrir d’une absence de reconnaissance de leur apport dans les entreprises. Alors, indéniablement, se pose la question du sens et des résultats obtenus de l’action engagée.

Claire Blondet : Les représentants du personnel sont des acteurs incontournables de la santé au travail, notamment autour des enjeux psychosociaux. Ils le sont à un triple niveau. Acteurs « récepteurs » parce que leur fonction de représentant les amène à recevoir la parole des salariés, leurs réclamations, leurs questions et, parfois, leur souffrance. Acteurs « émetteurs » parce qu’ils doivent être source de propositions et d’actions dans le cadre des relations professionnelles. Enfin, acteurs « opérateurs » car, avant d’être représentants du personnel, ce sont des salariés et, en tant que tels, ils peuvent apparaître comme « experts » des situations qu’ils vivent et des enjeux auxquels ils sont confrontés.

Comment vos premiers interlocuteurs ont-ils perçu votre démarche ?

Claire Blondet : En général, l’accueil a été très positif. Les réactions ont été très différenciées, ce qui augure une analyse particulièrement intéressante des réponses que nous obtiendrons car cela rejoint ce que nous disions sur le silence autour de cette problématique. Nous avons senti un réel intérêt pour le sujet, avec, pour un panel assez étroit, certes, des réponses très variées, riches, mais traduisant des situations parfois totalement opposées.

Sur quels types de problématiques avez-vous axé le questionnaire ?

Claire Blondet : Notre questionnaire se répartit en grandes sections. Naturellement, la première concerne le profil du répondant et les caractéristiques de son mandat. Ensuite, nous avons regroupé des séries de questions en thématiques, parmi lesquelles les conditions d’exercice dudit mandat, notamment en termes de temps, d’intensité et d’articulation avec les vies professionnelle et privée, la capacité de prise de recul, leurs parcours, en termes de formation et d’évolution professionnelle, les effets sur la santé… Cela couvre des champs larges, permettant à chacun de rendre compte de la réalité de sa vie d’élu et de mandaté et d’exprimer ses perceptions de façon très complète.

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