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Les hôpitaux en état de Grèce
Heureusement nous ne sommes pas tous sortis de l’ENA ou de l’école des directeurs d’hôpitaux !
En une semaine, les informations qui s’abattent sur l’hôpital ont de quoi donner le tournis. D’un côté la Fédération Hospitalière de France demande (et obtient) des centaines de millions d’euros pour payer les emprunts toxiques que ses directeurs ont contractés avec les banques privées, et d’un autre, cette même Fédération Hospitalière de France indique que la masse salariale peut devenir un levier d’économies car elle représente 70 % des dépenses hospitalières.
- Rappelons que pour construire l’ensemble des CHU en France dans les années 1970, la France a fait appel aux cotisations sociales et donc à la Sécurité sociale sans intérêt. En obligeant les hôpitaux (comme les États) à se tourner vers le marché bancaire, les dettes sont nationalisées et payées par les impôts et les bénéfices sont privatisés par des actionnaires.
La double peine pour le personnel hospitalier et la qualité des soins
- Au final, le ministère de la Santé accorde 400 millions pour payer les emprunts toxiques et supprime 860 millions de la masse salariale.
Les gouvernements et directeurs d’hôpitaux jouent au casino et le personnel hospitalier accède à la plus haute marche en termes d’accidents du travail et de maladies professionnelles à égalité avec le secteur du bâtiment et travaux publics.
Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement et la Fédération Hospitalière de France ne trouvent d’autres solutions que de réduire encore la masse salariale. Ils vont donc diminuer le nombre d’emplois et donc aggraver davantage les conditions de travail du personnel. Mais par voie de conséquence, un plus grand nombre d’établissements sera contraint d’adopter un mode d’organisation des soins en procédures dégradées, c'est-à-dire en assurant la seule sécurité des soins au détriment de la qualité.
On peut tout de même se demander comment les syndicats de salariés comme la CFDT, l’UNSA ou la CFE-CGC peuvent soutenir cette politique d’austérité découlant directement du pacte de responsabilité qu’ils approuvent ?
Banques qui intoxiquent, austérité qui radicalise, la santé sacrifiée : en fait, la situation des hôpitaux en France se rapproche de l'état de la Grèce.
Les hospitaliers auront toutes les raisons de participer massivement à la grève interprofessionnelle du 9 avril.