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18 / 11 / 2013 | 44 vues
Laurent Aubursin / Abonné
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Le plan social à l’ANI d'Hamelin passe mal

Hamelin, leader européen de la papeterie, a attendu la parution des décrets d’application de la loi de sécurisation de l’emploi pour lancer son plan de restructuration supprimant 240 postes.

« La méthode de discussion est hallucinante, la direction utilise toutes les ficelles que lui offre la nouvelle législation pour fermer des sites avec des conditions au rabais pour les salariés », dénonce Fred Bochard, secrétaire général de l’UD FO du Puy-de-Dôme. Depuis quatre mois, il accompagne les salariés de l’usine Elba de La Monnerie-Le-Montel dans leur combat pour sauver leur emploi.

La direction du groupe normand de papeterie Hamelin, connu pour le papier Canson ou les cahiers Oxford, a présenté le 2 juillet, en comité d’entreprise européen, un plan de restructuration supprimant 340 emplois, dont 240 en France. C’était au lendemain de l’entrée en vigueur de la loi de sécurisation de l’emploi issue de l’ANI et qui redéfinit le licenciement économique collectif. Elle réduit à deux mois les délais de négociation et permet à la direction, faute d’un accord collectif majoritaire avec les organisations syndicales, d’élaborer un document unilatéral.

Dans son plan, le groupe, qui compte 3 000 salariés dans le monde et 1 200 en France, condamne trois usines hexagonales, La Monnerie (64 salariés), Troyes (66 salariés) et Villeurbanne (47 salariés) et supprime 66 postes administratifs et commerciaux à Caen au sein de Hamelin distribution.

À l’exception du site du Puy-de-Dôme, les usines ont déjà fermé et les salariés ont reçu leur lettre de licenciement. À Villeurbanne, les employés, tous âgés de plus de 50 ans, ont refusé les congés de formation et mutualisé les sommes pour partir avec au moins 30 000 euros, selon l’accord signé par FO.

Menace d'une décision unilatérale

Mais à La Monnerie, dans la vallée de Thiers déjà durement touchée par le chômage, les salariés font de la résistance. L’annonce de la fermeture de l’usine le 8 juillet, à quelques jours des vacances, les a abasourdis. Ils se sont immédiatement mis en grève à l’appel de plusieurs syndicats de l'entreprise

« La direction a attendu les décrets d’application de la loi pour avoir toutes les armes en main pour licencier et a menacé dès le départ les syndicats de prendre une décision unilatérale », poursuit Fred Bochard.

Au fil des discussions, ils ont obtenu des avancées sur les congés de reclassement et sur les indemnités supra légales avec 17 000 euros nets à partir de vingt ans d’ancienneté et 800 euros nets par année supplémentaire. Mais le dossier n’est pas réglé pour autant.

La direction n’ayant pas organisé les élections du personnel au printemps, il n’y a plus de comité d’entreprise. « La direction veut maintenant organiser des élections au plus vite, mais ça nous permet de gagner du temps. Elle veut aussi nous forcer à signer un accord majoritaire, mais ce serait approuver l’ANI de janvier 2013. Sans accord, elle menace de reprendre les négociations à zéro avec le nouveau comité d’entreprise et de nous faire perdre toutes les avancées », explique le délégué FO Bouchaïb Zaïm Sassi.

Le syndicat FO dénonce une négociation tout sauf loyale et sincère. « Il faut de la sérénité et du temps pour négocier. La direction refuse d’acter les acquis et fait semblant d’avancer pour mieux reculer. On va prendre tout le temps qui nous est imparti », poursuit Fred Bochard.

Les salariés sont d’autant plus amers qu’il y a deux ans, Hamelin et Claire-fontaine avaient dénoncé la convention collective d’entreprise. « Ils ont baissé les indemnités de licenciement, on se demande si la restructuration n’était pas déjà dans les tuyaux à l’époque », s’interroge Thierry Tirard, délégué central FO chez Hamelin.

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