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17 / 12 / 2015 | 21 vues
David Mahe / Membre
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« Le manager est le premier acteur de santé » : OK mais comment ?

Le manager est le premier acteur de santé. Cette idée apparaît avec force dans le débat en 2010, à la faveur du rapport « Bien-être et efficacité au travail » de Henri Lachmann, Christian Larose et Muriel Penicaud. Cinq années plus tard, a-t-on une idée précise des pratiques managériales qui sont bonnes pour la santé et l’efficacité des équipes ? Un article de Jérôme Tougne, de Stimulus

La réponse est oui : de nombreux travaux scientifiques portent sur le développement des pratiques saines de management (« healthy workplace practices ») et fournissent des connaissances et des leviers d’actions concrets pour réaliser la promesse d’un manager acteur de santé.

Mais l’écart reste grand entre ce que les scientifiques savent et ce que les entreprises font. Les pratiques saines de management restent soit méconnues, soit considérées comme secondaires par rapport à des pratiques « traditionnelles » et très chronophages telles que la prescription, le reporting et le contrôle du manager. Il est temps de changer les choses.

Quelles sont les pratiques saines de management ?

Les pratiques saines de management désignent toute pratique d’animation bénéfique simultanément en termes de santé et d’efficacité des équipes. Par leur nature, ces pratiques saines sont accessibles aux managers de tous niveaux (de terrain, intermédiaires, dirigeants).

La recherche montre qu’il existe de nombreuses pratiques saines de management. En voici quelques-unes : 

  1. Le soutien à l’autonomie : l’art délicat de solliciter les idées, les initiatives, l’ingéniosité de l’équipe et la sagesse de miser sur la confiance et l’enrichissement du travail.
  2. Le dialogue sur le travail : le partage sur le travail bien fait, les pratiques, le sens, le vécu du travail, les changements, la prise en compte des émotions, tout cela se partage.
  3. La valorisation de la coopération : de la mise en avant des individus qui mettent du liant à la promotion des réalisations collectives, la coopération s’illustre au quotidien.
  4. La reconnaissance : source renouvelable de mobilisation et de cohésion d’équipe pour le manager qui l’utilise avec bienveillance, sincérité et réactivité.
  5. La convivialité : loin d’être un accessoire, il s’agit d’un élément central dont on découvre seulement les bénéfices opérationnels.

Partout où elles se déploient, les pratiques saines de management renforcent la santé, la motivation, la fidélité, l’efficacité et la capacité d’innovation des équipes.

« Déployer à grande échelle les pratiques saines de management » devrait être une priorité stratégique pour toute entreprise. C’est loin d’être le cas et sur ce plan, le travail est considérable.

Comment développer ces pratiques à grande échelle ?

Nous savons déjà ce qu’il ne faut pas faire : recourir à des récompenses pour les managers qui déploient le mieux ces pratiques ou des menaces sur la qualité de l’évaluation des managers qui résisteraient à déployer ces pratiques. Aucun manager ne s’investit sincèrement et durablement lorsque l’on s’y prend de la sorte.

Alors que faire ? Actionner 4 leviers : 

  • La sensibilisation des dirigeants et des managers : la découverte des effets positifs des pratiques saines de management provoque un choc. Il ne faut pas s’en priver pour faire émerger la volonté politique nécessaire à une démarche ambitieuse et structurée
  • Les compétences : ces pratiques ne sont pas innées, elles requièrent un savoir-faire qu’il s’agit de développer à l’aide de dispositifs de formation et de co-développement. À la base de ces savoir-faire se trouvent des compétences émotionnelles et relationnelles : l’empathie, l’affirmation de soi.
  • L’influence entre managers : les managers ne s’autoriseront à mettre en place ces pratiques que si elles sont portées et valorisées par les personnages emblématiques de l’entreprise (ils évoluent à tous niveaux hiérarchiques), qu’il s’agit donc de repérer et d’accompagner avec un soin particulier.
  • L’organisation : certaines conditions organisationnelles (définition des rôles, formulation des objectifs etc.) rendent ces pratiques plus naturelles et doivent être réunies.

En résumé... 

Toute entreprise devrait prendre très au sérieux la définition d’une ambition, d’un contenu et d’une stratégie de développement de ses pratiques saines de management. Bien menés, ces travaux permettent de progresser considérablement en termes de santé et d’efficacité des équipes, quelle que soit la taille de l’entreprise.

Auteur> Jérôme Tougne 

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