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26 / 06 / 2013
Social Nec Mergitur / Membre
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La polémique sur la fin de l’obligation de vaccination des égoutiers de Paris contre la « maladie du rat » rebondit en CHSCT

Décidément, la polémique sur la fin de l’obligation de vaccination des égoutiers contre la leptospirose (aussi appelée « maladie du rat ») n’en finit pas de rebondir. Après une menace de grève des égoutiers parisiens, l’affaire était même remontée jusqu’à l’Élysée, le sujet de la leptospirose se retrouvait à l’ordre du jour du comité d'hygiène et de sécurité (CHS) de la direction en charge des égouts municipaux parisiens, présidé par Anne Le Strat, adjointe au maire, chargée entre autres de l’assainissement.

Un CHS qui s’est plutôt mal passé si l’on en croit la CGT des égoutiers. « Lors d’échanges avec votre représentante, alors que nous argumentions sur l’absolue nécessité de vacciner les égoutiers, car dans le cas contraire leur vie en dépendrait, nous nous sommes vus insultés, il n’y a pas d’autre mot, par Anne Le Strat », écrit la CGT dans une lettre ouverte à Bertrand Delanoë, maire de Paris.

Il faut dire qu’à l’occasion de cette réunion, l’adjointe au maire, droite dans ses bottes d’égoutier, s’est fendue d’une saillie digne de Michel Audiard lorsque les représentants du personnel lui ont demandé de maintenir la vaccination obligatoire avant de descendre dans les entrailles de la capitale.

« Vous prenez vraiment les gens pour des cons », a en effet rétorqué la présidente à une assistance médusée. Sentant venir la boulette, Anne Le Strat a demandé que son cri du cœur ne soit pas inscrit au PV officiel de la séance. Il est vrai que si l’on en croit le syndicat, « certains représentants de l’administration se sont même sentis mal à l’aise vue l’expression de leur visage une fois cette phrase prononcée ».

De son côté, la CGT, à qui on ne fait pas pendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, a exigé que « cette remarque insultante et diffamante soit inscrite au PV du CHS » ce qui a, semble-t-il, été fait. Cet épisode n’est pas une première car, selon les syndicats, Anne Le Strat serait souvent « péremptoire, cassante et autoritaire. Jusqu’à présent, nous nous étions cantonnés à passer outre les attitudes monarchiques et absolues d'Anne Le Strat. Mais cette fois, nous ne pouvons accepter cette provocation injurieuse à notre égard ».

Outre le langage fleuri que semble apprécier l’élue, c’est sur le fond que la CGT voulait surtout interpeller le maire de Paris : « Anne Le Strat ne doit pas vraiment maitriser ce dossier qui aura pour conséquence de faire réapparaitre la leptospirose au sein du corps des égoutiers ».

Quant au reste, la CGT demande à Bertrand Delanoë de bien vouloir rappeler à son adjointe « que les règles les plus élémentaires de politesse et de correction doivent s’appliquer aux représentants du personnel que nous sommes ».

Pour faire avancer la cause de la politesse auprès de son adjointe, le maire de Paris devra donc être obligé de faire appel comme expert qualifié au prochain CHS de le direction de l’assainissement à Nadine de Rothschild, pas moins.

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Messieurs, C’est avec grand étonnement que j’ai pris connaissance du courrier que vous avez adressé au maire de Paris le 17 juin. Revenons sur les faits. Vous aviez demandé qu’une réunion spéciale du CHS soit consacrée à la vaccination des égoutiers. Malgré les délais extrêmement contraints, cette réunion a bien eu lieu le 12 juin. Ce sujet méritait en effet que l’on s’y attarde, et que toutes les mesures possibles soient mises en œuvre pour assurer aux égoutiers les meilleures conditions de travail possibles. Vous avez d’ailleurs rappelé dès le début de cette réunion que vous étiez conscients de mon implication forte sur ce dossier et du soutien que j’apportais à vos revendications. Comme d’habitude, le temps du débat et des échanges a été long, au point même que l’un des représentants de la CGT a demandé à ce que nous passions vite au vote au lieu de nous éterniser à parler. S’il est vrai que j’ai perdu patience à un moment, devant des propos qui me paraissaient de mauvaise foi, et insultants à l’égard des agents et de l’administration de la Ville, j’assume tout à fait les miens. Je ne vois donc aucun inconvénient à ce que le mot que j’ai effectivement employé ne soit pas changé. J’avais simplement indiqué aux secrétaires de séance qu’il me semblait que le mot « idiots » était plus adéquat pour la transcription des débats. Si j’en crois votre lettre, je ne chercherais donc qu’à « passer d’un point à un autre le plus rapidement possible afin de terminer au plus tôt les réunions ». Les faits parlent d’eux-mêmes : la réunion du CHS du 21 mai a duré cinq heures, et celle du 12 juin près de trois heures. L’ordre du jour comptait dans un cas comme dans l’autre trois points (sans compter l’approbation des procès-verbaux de réunions précédentes), tous liés à un seul sujet : la santé et la sécurité le 21 mai, la vaccination le 12 juin. Trois CHS et un CTP ont eu lieu entre le 19 novembre 2012 et le 12 juin 2013… Quant aux accusations que vous portez sur mon soi-disant manque d’intérêt et d’implication, j’ai du mal à les entendre et à les comprendre, alors que certains syndicalistes me disent tout le contraire une fois que les CHS sont terminés, et sans témoins… Vous dénoncez mon attitude monarchique lorsque vous écrivez au maire, et pourtant certains d’entre vous me remercient de ma patience à la fin des CHS ! Vous m’accusez de présider « de façon péremptoire autoritaire », mais par ailleurs vous m’avouez tranquillement que c’est parce que vous savez pouvoir compter sur mon soutien que vous n’hésitez pas à me demander beaucoup ! Dans votre courrier, vous semblez être heurtés par ma pugnacité et ma franchise, mais dans les coulisses, vous considérez que ce sont là des atouts pour défendre vos revendications (notamment auprès de l’administration, des ministères concernés ou de la CNRACL). Le dialogue social a ses règles et sa dramaturgie, dont font partie les Comités d’hygiène et de sécurité, qui mettent en scène le face-à-face entre les organisations syndicales et l‘administration. La surenchère y est de mise, plus souvent que la bonne foi. Parmi les figures imposées, il semble que le double discours ait maintenant toute sa place. Je pense que la santé et la sécurité des agents de la Ville sont des sujets trop importants pour que l’on puisse se permettre de perdre du temps à rejouer CHS après CHS les mêmes rôles, avec les mêmes effets de manche éculés, les mêmes rapports de forces qui semblent indispensables à certains. Un dialogue simple, direct et franc serait sans nul doute plus efficace pour améliorer ce qui doit l’être. Des stratégies syndicales sont à l’œuvre, celle consistant à m’attaquer publiquement, en faisant preuve d’une mauvaise foi certaine, me semble inadmissible. Je vous prie d’agréer, Messieurs, l’expression de ma considération distinguée. Paris, le 21 juin 2013 Anne Le Strat