Organisations
La nécessaire mise en synergie des politiques d’emploi, de développement économique, de la formation et du développement des compétences
Vous êtes arrivée au groupe Alpha, au sein de la branche Sémaphores, au moment de la création d’un pôle d’activités dédié aux enjeux de formation professionnelle. Quelque 18 mois plus tard, quel bilan en tirez-vous ?
Carine Seiler : En 18 mois, le pôle politiques de formation a ancré son activité auprès de la plupart des acteurs de la formation professionnelle et il a conduit des missions stratégiques de mise en œuvre et de déclinaison des enjeux soulevés par la dernière réforme de la formation professionnelle de 2009. Nous avons montré, au travers des compétences que nous avons su déployer, que nous étions à même de répondre aux interrogations des nombreux acteurs de ce domaine.
Parmi les premiers acteurs que nous avons accompagnés dans la mise en œuvre de leurs politiques partenariales figurent les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Bretagne pour l’élaboration et la négociation de leur contrat de plan régional de développement des formations professionnelles (CPRDF), la région Bourgogne pour l’appui à la mise en place d’un plan pour les continuités professionnelles, la région Midi-Pyrénées pour la redéfinition de son programme régional de formation, la région Nord-Pas-de-Calais pour la mise en place d’une délégation de service public dans le domaine de la formation ou encore la région Rhône-Alpes pour un appui au déploiement de son service d’accueil information généraliste.
À chaque fois, ce furent des expériences particulièrement enrichissantes, intéressantes et innovantes, mobilisant, au sein des équipes Sémaphores, des compétences de compréhension des enjeux locaux, d’identification des besoins en termes d’offre de formation, d’appui aux démarches de concertation et de mise en mouvement des acteurs. Ce furent des missions symptomatiques car elles ont montré la nécessité, pour les acteurs intervenant sur des champs différents, de mieux croiser leurs interventions. La décision de faire intervenir un tiers, comme notre cabinet, permet le partage d’un diagnostic et la mise en perspective ainsi que l’animation de leurs échanges. Le groupe Alpha, quelle que soit sa branche, est connu pour ses fortes capacités à faire travailler ensemble des acteurs qui ont peu l’habitude de le faire. En cela, il est fédérateur et nos interlocuteurs l’ont bien compris.
Est-ce que cette capacité de rebondir sur un sujet pour en nourrir un autre s’étend à d’autres acteurs que les régions ?
Carine Seiler : Bien évidemment et, surtout, heureusement que nous avions une telle expérience auprès des régions car, de ces enseignements, nous avons pu développer d’autres outils d’intervention auprès d’acteurs aussi différents que les entreprises ou les OPCA.
Pour les entreprises (comme pour les régions d’ailleurs), nous disposons d’une palette d’interventions assez large. Il s’agit d’analyser la cohérence de la politique de formation avec la stratégie d’entreprise. Cela peut prendre plusieurs formes : l’optimisation du processus formation, l’analyse critique sur la gouvernance de la fonction formation, la pertinence de l’investissement formation, la mise en place d’audit qualité ou l’appui au dialogue social sur la formation… Avec comme ligne de conduite : être en appui des acteurs de l’entreprise pour définir les outils de la formation les mieux adaptés au développement des emplois et des compétences.
Récemment, nous avons mené une étude sur l’organisation générale de la formation au sein d’une entreprise de 1 300 collaborateurs, nécessitant notamment, au-delà de l’appui à la consultation, d’analyser la façon dont sont construites les politiques de formation, selon quelle gouvernance interne, avec quels pilotes, quels relais, allant jusqu’à la mise en place d’une enquête interne auprès de tous les salariés. Cela a impliqué tous les acteurs de l’entreprise permettant ainsi aux élus et à la direction de prendre de la hauteur et de re-questionner leurs modalités d’intervention.
Cette parfaite connaissance des politiques de formation au sein des entreprises, notre savoir-faire auprès des régions, notre appétence pour aller au-delà des univers connus nous ont permis d’être crédibles auprès des OPCA. Aujourd’hui, nous les appuyons pour des études sectorielles, de branches, sur les métiers, sur les compétences en mouvement etc. Nous leur apportons un appui stratégique, avec des volets juridiques très pointus.
Au final, toutes nos interventions s’imbriquent et font cohérence, créant une synergie entre les acteurs auprès desquels nous travaillons et enrichissant les approches.
Votre pôle a récemment évolué pour englober, au côté du domaine de la formation professionnelle, les domaines de l’emploi et de l’économie. Quels messages cette évolution sous-tend-elle ?
Carine Seiler : Notre approche intégrée des enjeux emploi, économie, formation au sein d’un même pôle tire les enseignements des effets conjugués de la crise et des dernières réformes concernant ces thématiques. Nous devions renouveler nos méthodes d’intervention en tenant compte de la crise et des évolutions qu’ont connues les acteurs de l’emploi, du développement économique, de la formation et du développement des compétences. Cela supposait de mieux articuler ce que l’on met derrière des notions aussi essentielles que sécurisation des parcours professionnels, continuités professionnelles, innovation au service de l’emploi etc. Tous les acteurs avec qui nous travaillons sont appelés à mieux croiser les politiques et à mobiliser et articuler davantage leurs outils.
Tous les acteurs sont conscients que les politiques publiques (et privées) sont encore trop cloisonnées. En créant ce nouveau pôle, nous répondons à une attente des acteurs eux-mêmes : proposer une réflexion renouvelée, mieux intégrée, mettant en réelle synergie les différentes politiques emploi, économie, formation, pour plus de pertinence sur le terrain, au service des entreprises et des personnes.