Organisations
La grève des routiers vise les responsables du « dumping social »
C’est fait. Les principaux syndicats de routiers viennent de lancer un appel à une grève illimitée, à compter du 13 décembre. Dans une unité inédite depuis 1997, FO, CFDT, CFTC, CGT, CGC entendent ainsi porter haut et fort les revendications salariales de quelques 500 000 salariés du transport routier de marchandise et de la logistique, que le patronat du secteur a décidé jusque-là d’ignorer.
« Le mouvement couve depuis un certain déjà », explique Bruno Lefebvre (FO), en rappelant que « les discussions de branche avec les employeurs piétinent depuis le mois de mai ». Pour mettre un terme à deux années blanches, les syndicats réclament dans l’immédiat un salaire horaire revalorisé à 10 euros de l’heure pour les routiers au coefficient le plus élevé (sans écrasement des grilles) et de 4 % d’augmentation pour les sédentaires, les maîtrises et les cadres, ainsi qu’une hausse de 4 % des frais de déplacement. Ils demandent également la mise en place pour tous d’un 13ème mois et d’une grille d’ancienneté identique.
Pas d'opérations « escargot »
Les modalités d'action ne devraient pas comporter d'opérations « escargot » sur les routes mais se traduire par des opérations de blocage d'entrepôts de marchandises, y compris de denrées périssables, ont indiqué les syndicats. Elles devraient viser notamment les hangars de la grande distribution alimentaire, Auchan ou Carrefour en tête, ces deux groupes responsables du « dumping social » dans la profession qui frappe le transport routier en France, précise Bruno Lefebvre (FO).
Selon les syndicats, elles cibleront autant les grandes entreprises de transports que les petites. « Car une chose est sûre, les gars ont marre de donner sans recevoir. Ils sont très remontés et déterminés à y aller pour forcer la main des patrons », prévient Bruno Lefebvre (FO).
Si les organisations d’employeurs font encore le gros dos dans l’espoir que cette colère passe sans trop de casse, la détermination des routiers commence en revanche à inquiéter le gouvernement. « Si l'État doit in fine venir pour faire en sorte qu'un dialogue, qui n'a pas lieu ou se déroule mal, ait lieu, l'État viendra, mais c'est une affaire d'abord au sein des entreprises. Nous serons là pour aider s'il y a une difficulté », a affirmé mardi le Secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau. « C'est une grève qu'il faut absolument éviter », a-t-il ajouté, tout en estimant que « certaines revendications salariales » sont « justifiées ». Il espère encore pouvoir déminer le terrain en recevant les organisations patronales du secteur cette semaine et les syndicats à partir de lundi.