Organisations
Hôpitaux : 20 000 suppressions d’emplois en 2 ans
Selon les chiffres de l’OCDE, la France figure en queue de peloton pour ses effectifs infirmiers par lit de soins aigus : 59 pour 100 lits, quand on en compte 77 en Allemagne, 140 en Italie, 162 aux États-Unis et 310 au Royaume Uni ».
Ils ont supprimé des lits
Un médecin témoigne : « Comme prévu, le médecin régulateur (du centre 15) a d’autres chats à fouetter que de me trouver une hypothétique place et c’est donc seul que je passe de deux heures quarante cinq minutes montre en main, entrecoupées de visites, pour finalement, après une quinzaine d’appels, arracher un accord ferme pour un transfert dans un CHU parisien, à 90 kilomètres d’ici…» (1).
« À l’heure actuelle, selon les chiffres officiels de l’OCDE, on ne dispose en France que de 3,6 lits de soins aigu pour 1 000 habitants, soit moitié moins qu’en Allemagne et plus de deux fois moins qu’au Japon ».
Mais pas les malades
La semaine dernière, une aide-soignante me confiait les exploits de son service qui s’occupe de personnes âgées. Il avait réalisé une économie de 7 000 euros de couches sur l’année. La recette ? « On nous demande de ne changer ces protections que lorsque le témoin d’humidité est saturé ». Mais, poursuit-elle : « les économies d’hygiène se transforment très vite en dépenses de soins pour traiter les rougeurs et les infections que tu peux imaginer ».
La tarification à l’activité, (T2A), la nouvelle gouvernance de l’hôpital, la loi HPST de 2009 forment la trilogie de la désintégration programmée d’une santé publique, dans laquelle le malade sera traité dans des unités de production de soins, délivrés par des infirmières industrielles, dont le sourire pourra souvent prendre l’aspect d’une seringue.
On ne peut à la fois courir après les recettes et diminuer les moyens pour réaliser le travail. Le management sans ménagement devient la règle dans un trop grand nombre d’hôpitaux. Oui la politique imposée aux établissements hospitaliers est directement responsable de la dégradation insoutenable des conditions de travail et de la qualité des soins.
Nombreux sont les établissements qui sont passés en mode dégradé pour ne plus être capable d’assurer la moindre qualité. Le mode dégradé c’est l’acceptation de ne plus pouvoir garantir la qualité des soins mais d’assurer la seule sécurité. Oui, nous trouvons cette situation insupportable, non seulement parce qu’elle porte au cœur de nos métiers, qu’elle dégrade les soins mais aussi parce qu’elle entraîne des professionnels dans un cadre maléfique qui n’est acceptable pour personne.