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23 / 05 / 2011 | 4 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Hôpital public : un cabinet privé pour recruter des infirmières

Comment palier la pénurie d'infirmières à l'hôpital ?
Le centre hospitalier de Mantes-la-Jolie (Yvelines) n'a rien trouvé de mieux que de se payer les services d'un cabinet de recrutement privé. « Nous avons évidemment mis en place des partenariats avec les centres de formation mais les élèves ne sortent d'école qu'en décembre », a expliqué mercredi au journal Le Parisien la directrice des ressources humaines de l'établissement public. Selon elle, « la pénurie est telle dans le secteur qu'il faut multiplier les démarches. Les postes de nuit et dans des services comme la gériatrie sont moins prisés par les élèves qui leur préfèrent les urgences, la maternité ou la pédiatrie ». Elle espère ainsi que cette initiative va lui permettre d'embaucher « trois ou quatre infirmières de nuit », françaises ou européennes au service gériatrie.
 

Avant d'en arriver là, la DRH a assuré avoir multiplié les incitations financières et professionnelles pour attirer les candidats. Les explications pour justifier l'appel à un cabinet privé de placement n'ont pas vraiment convaincu, le syndicat FO de l'hôpital. « Nous ne contestons pas le fait qu'il y ait un problème de recrutement mais la façon dont la direction compte le régler », souligne le délégué syndical, Bernard Landais. Pour FO, tous les moyens n'ont pas été mis en œuvre pour traiter les racines du mal, à savoir les conditions de travail et de rémunération.

« À l'hôpital François-Quesnay de Mantes-la-Jolie, comme ailleurs, les infirmières ne comptent plus les heures supplémentaires, qui plus est, elles ne sont pas payées.
Seules 11 % de ces heures supplémentaires l'ont été cette année et encore il a fallu batailler pour qu'elles le soient », précise Bernard Landais. Faute de moyen et d'effectifs, le travail des personnels est toujours à flux tendu, déplore-t-il également : « les changements de planning sont incessants, les infirmières sont souvent appelées au dernier moment pour assurer leur service au détriment de leur vie familiale ».
 

Côté salaire, ce n'est pas mieux lorsque l'on sait qu'une infirmière démarre une carrière autour de 1 500 euros à la sortie de l'école pour finir, quarante ans plus tard aux environ de 2 500 euros.

La pénurie de personnel ne s'explique pas par une crise de vocation puisque les centres de formations croulent aujourd'hui sous les candidatures mais par la dévalorisation constante du métier à tous les étages.
 

D'après le représentant FO, « vu la pénibilité du métier dans l'hôpital public, la durée de vie professionnelle moyenne d'une infirmière est de 5 à 7 ans au maximum. Au-delà, elles craquent et changent carrément d'activité ».

Cela vaut également pour les infirmières européennes sur lesquelles l'hôpital entend miser pour se refaire une santé. « Quand une Européenne s'installe en France, loin de sa famille, sans maîtriser a priori la langue, il faut aussi que les conditions de travail soient exemplaires. Ce qui est loin d'être le cas », conclut Bernard Landais.

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