Organisations
Haro sur les écoles de formation des fonctionnaires
La formation professionnell a donné régulièrement lieu à une multitude de rapports ces derniers mois. Après ceux sur le recrutement et l’organisation des concours, le gouvernement a chargé l’ancien directeur de l’ENA, Raymond-François Le Bris, d’élaborer un rapport sur la formation initiale des fonctionnaires.
Paru mi-février, ce rapport, de plus de 100 pages, s’applique à démontrer la « gabegie budgétaire » des 169 écoles de formation recensées dans la Fonction Publique (hors Education Nationale) et la nécessité absolue d’y remédier par des mesures radicales.
Même si le Gouvernement s’est aussitôt distancié de ces conclusions, il n’en a pas moins déclaré qu’il arrêterait prochainement les mesures qu’il retiendra pour améliorer la formation initiale des agents de l’Etat.
Quelques chiffres
- L'Etat (hors IUFM pour l'Education Nationale) forme ses agents dans 169 écoles réparties sur 152 à Paris et en Province ( dans 55 départements dont 99 villes).
- 34% des écoles se trouvent en Ile de France, à Brest, Toulouse, Lyon et Bordeaux.
- 70 écoles relèvent du seul Ministère de la défense.
- 42 sont sous la tutelle du Ministère de l'Intérieur.
- 15 relèvent du Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie.
- 77 000 élèves (civils et militaires) ont été formés en 2007 toutes catégories confondues
Avant même l’étude approfondie du dispositif et du contenu pédagogique des écoles de formation, on retrouve en début de ce rapport, l’orientation générale de la politique gouvernementale en matière de recrutement des fonctionnaires. Il n’est donc pas étonnant de voir s’égrener tout au long des pages suivantes un véritable démantèlement des structures de formation actuelles.
L’état des lieux, axé principalement sur les aspects quantitatifs et financiers, amène de la part des auteurs du rapport à cinq axes conclusifs :
- Une extrême diversité des écoles (statuts, missions, durée de formation).
- Les écoles de formation se développent indépendamment des universités.
- Le mode de recrutement est en décalage complet avec les préconisations du livre blanc de M. Silicani.
- Une durée de formation plus substantielle pour les agents de catégorie A et B, dont la durée de formation antérieure est déjà la plus longue.
- Une faible évaluation de la perfomance du dispositif de formation.
De ces cinq conclusions, nous tirons pour notre part cinq interrogations :
- Comment imaginer au travers des publics formés dans des missions si différentes, que les écoles aient une organisation uniformisée ?
- Est-ce le but d’une école de formation de prolonger des études universitaires ?
- Comment recruter et former aujourd’hui à partir d’un livre blanc qui n’est toujours pas encore, même partiellement, appliquer dans la Fonction Publique d’Etat ? (et nous ne sommes pas demandeurs en la matière)
- Faut-il un temps de formation identique à toutes les catégories ?
- Est-ce vraiment sérieux d’écrire que l’évaluation de la perfomance est quasi inexistante ?
Nous pouvons donc légitiment être interpellés sur le côté tendencieux exprimé par ces conclusions, qui nous confirment la commande politique de ce rapport, où leurs auteurs doivent arriver à démontrer, quelle qu’en soit la manière, le dysfonctionnement de nos écoles de formation et surtout leurs supposés coûts prohibitifs.
Les propositions formulées par le rapporteur, notamment celles visant à:
- inscrire le recrutement des agents de l'Etat dans le mouvement de professionnalisation engagé dans les universités;
- favoriser la diversité dans le recrutement;
- réduire la durée de formation initiale;
- favoriser les regroupements d'écoles.
appellent de nombreuses observations de la part de la Fédération des Finances FO reprises en détail dans l'analyse détaillée qu'elle vient de faire et qu'elle entend porter à tous les niveaux de décision pour se faire entendre sur ce sujet d'importance !