Organisations
Grande conférence de la santé : la formation en débat
Les trois groupes de travail de la grande conférence de la santé (GCS) sont organisés autour des principales thématiques de la concertation (formations, métiers et parcours) et sur des thématiques croisées.
Celui sur la formation traite des formations initiale (aux différents cycles) et continue / théorique et pratique / médicale et paramédicale ; recherche.
Il s’agit de réaliser un travail tourné vers l’avenir et de traiter de manière ouverte et transversale l’ensemble des sujets de formation, autour de plusieurs questions.
- Faut-il faire évoluer l’accès aux formations initiales et selon quelles modalités ?
- Comment prendre en compte la prospective des métiers et des qualifications attendues dans la régulation quantitative ?
- Comment mieux prendre en compte la motivation, les compétences et les aspirations individuelles pour l’accès aux filières de spécialisation professionnelle ?
- Comment mieux articuler la formation initiale à l’exercice des métiers, en particulier en ambulatoire ?
- À quelles conditions pourra-t-on mieux former à et par la recherche ?
- Comment former les professionnels à la collaboration inter-professionnelle ?
- Comment relancer l’universitarisation des formations paramédicales ?
- Comment mieux assurer la qualité et la pertinence des formations et la valorisation de l’activité de formation ?
Concernant les évolutions globales qui doivent être prises en compte pour l’évolution des formations en santé, la réponse la plus fréquente concerne le vieillissement de la population et le développement de pathologies chroniques. Vient ensuite l’évolution des techniques, avec le développement de la télémédecine et des objets connectés. Cités par plusieurs participants mais de façon beaucoup moins fréquente : la raréfaction des ressources, l’évolution socioculturelle des professionnels de santé, le développement de l'e-learning, l’accès des patients à l’information. Les obstacles et les propositions ont été traités ensemble dans l’analyse.
Deux couples obstacles/propositions sont nettement mis en exergue
- Les questions de structure des établissements de formation. Apparaissent dans les obstacles, la multiplicité des tutelles, la régionalisation des formations de santé, l’absence d’appartenance à l’université et, parmi les solutions, l’intégration de toutes les formations à l’université. Cette proposition, formulée de façon plus ou moins tranchée, est fréquente. Une proposition de réseau des écoles de formation en santé sur le modèle des réseaux de formation d’ingénieurs est également faite. Aucun participant ne suggère que l’universitarisation est un obstacle. Des propositions concernent le statut des enseignants des filières non médicales.
- La collaboration interprofessionnelle. Son absence, formulée de diverses façons, est fréquemment classée parmi les obstacles. Le développement de troncs communs entre les formations, de modules communs, de formations à l’interprofessionnalité, la spécialisation progressive sont les propositions les plus fréquentes, très nettement en tête.
Sont également abordés par plusieurs participants, le financement de la formation continue, les possibilités de VAE, la formation en médecine générale, la rémunération des tuteurs, les lieux de stage, le développement de métiers intermédiaires (avec des positions et des propositions assez contrastées) et l’orientation des lycéens.
« Tronc commun »
Le choix de la profession en santé se fait par défaut, en raison d’une absence de connaissance des métiers et de leur pratique.
Les points de convergence exprimés sont : le vieillissement de la population, les évolutions techniques qui modifient les exercices médicaux et paramédicaux, la diversité des statuts et structures, la volonté d’exercices interprofessionnels plus poussés et d’une meilleure coopération entre tous les soignants, le souhait d’un regroupement demain de formations dispersées et ce, avec l’université ou au sein de l’université…
S’agissant d’un éventuel « tronc commun » dans le cadre de la formation de l’ensemble des professionnels médicaux et paramédicaux (le terme même de « tronc commun » faisant l’objet d’observations sur son périmètre et son contenu), des intervenants ont fait état de l’absence d’une telle organisation dans plusieurs pays (y compris européens) de l’existence toujours à l’étranger d’examens à l’entrée des études… Par ailleurs, la question de l’hétérogénéité des niveaux de départ au moment de l’entrée dans les études a été posée. Enfin, le sujet de ce qui fonde l’attractivité d’un métier a été relevé, notamment au regard de la sélectivité, de la durée des études et des débouchés existants.
- La CFE-CGC santé–sociaux s’interroge néanmoins sur la possibilité de mettre en place un système de tronc commun pour l’ensemble des formations, que celles-ci soient courtes ou longues, et pour l’ensemble des professions, quel que soit leur mode d’exercice (salarié/libéral).
Par ailleurs, le constat a été partagé que, trop souvent, le choix de la profession en santé se fait par défaut, en raison d’une absence de connaissance des métiers et de leur pratique. De façon générale, le fait que les parcours se construisent à travers l’acquisition de compétences, la découverte d’aptitudes et la confirmation d’appétences a été souligné.
Un consensus s’est fait jour sur la nécessité de mieux partager les compétences et de mutualiser les moyens utiles pour y parvenir (notamment du fait de la contrainte posée par des moyens, par nature, limités). Il a aussi été suggéré que les stages contribuent à cette connaissance partagée des milieux professionnels et aussi des milieux de vie des patients (par ex. : dans la prise en charge des personnes âgées). L’initiation à la recherche fait aussi partie de ce qui pourrait être partagé entre professionnels en formation. Les sujets de la connaissance du système de santé et de l’éthique commune à tous les professionnels pourraient aussi faire l’objet d’enseignements à partager.
L’idée a été émise que l’ensemble des enseignements communs et partagés s’accompagne d’un système d’acquis transférables ou un ensemble d’unités d’enseignement disponibles pour les étudiants, ce qui assurerait de la souplesse dans le cursus. L’ensemble commun des enseignements partagés ou mutualisés (centrés sur l’interdisciplinarité) pourrait ne représenter qu’une part minoritaire de la totalité des unités d’enseignement à valider.