Organisations
Formation des représentants du personnel : qui porte le bonnet d’âne en Europe ?
Jusqu’ici, on ne savait pas bien si l’effort de formation des représentants du personnel en France se comparait honorablement ou non aux meilleures pratiques européennes.
Maintenant, on sait.
La Fondation de Dublin (Eurofound), un organisme d’étude rattaché à la Commission européenne vient de rendre public une fournée de données issues de la troisième vague de l’enquête ECS (European Company Survey). Cette enquête s’appuie sur un dispositif solide qui permet d’interroger les représentants de la direction dans les établissements de plus de 10 personnes dans 32 pays européens (les 28 États membres de l'Union européenne, la Macédoine, le Monténégro et la Turquie) mais aussi les représentants du personnel dans ces mêmes établissements. En l’occurrence, 9 100 représentants du personnel ont répondu à l’enquête, ce qui en fait l’une des bases d’information les plus extensives en Europe.
Cette enquête montre que la part des représentants du personnel ayant bénéficié d’une formation liée à leur mandat au cours des douze derniers mois n’est que de 16 % en France, soit la moitié de la moyenne des 28 pays de l’UE (31 %) et largement en deçà de ce que pratiquent nos principaux concurrents européens : 54 % en Allemagne, 25 % en Grande-Bretagne, 28 % en Italie et 29 % en Espagne. Les seuls pays moins bien classés que la France sont l’Irlande, Malte et la Roumanie.
On entend dire que le dialogue social ne fonctionnerait pas très bien en France. Peut-être faudrait-il commencer par se préoccuper davantage de la formation de ses acteurs.
Contrairement à ces propos dans beaucoup d’entreprises, ce n’est pas simplement un problème financier. C’est un problème de mise en œuvre de bonnes pratiques. Celles-ci sont connues et (heureusement) mises en œuvre par des entreprises plus audacieuses que d’autres. Combien d’entreprises, de DRH, se préoccupent par exemple de la formation des nouveaux élus en début de mandat sur les enjeux économiques, stratégiques et sociaux, de son évaluation en cours de mandat et de la transférabilité des compétences acquises en fin de mandat ?
Si l’on continue à se contenter de ce doux attentisme, si confortable, on pérennisera deux situations problématiques :
- l’économie française continuera de se débattre désespérément face à son problème de compétitivité. Car les autres données publiées par cette enquête ECS montrent que la mauvaise qualité du dialogue social en France pénalise les performances économiques de ses entreprises (voir article dans Metis : « Qualité du dialogue social : les surprises du panorama européen ») ;
- le dialogue social à la française continuera de se caractériser par l’importance des droits formels et la faiblesse des contre-pouvoirs réels (voir le blog : « Les CE et CHSCT : un véritable contre-pouvoir ? »).