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15 / 01 / 2013 | 16 vues
Rafaël Nedzynski / Membre
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Étudier et travailler en même temps, un équilibre précaire

Selon l'OVE (observatoire de la vie étudiante), huit étudiants sur dix déclarent exercer, au cours de leurs études, une activité professionnelle pour financer leurs études, leur logement et/ou leurs loisirs. Les situations sont évidemment très diverses, entre ceux qui occupent un emploi à plein temps en suivant des cours du soir et ceux qui font quelques heures de baby-sitting dans la semaine. Cependant, il existe un point commun à toutes ces situations : travailler et étudier en même temps nuit à la réussite des études et donc au développement de réelles perspectives professionnelles.

Aujourd'hui, à 21 ans, les jeunes poursuivent pour moitié leurs études. Cet âge médian n'était que de 18 ans en 1975. La sécurité d’un diplôme face au chômage, additionné à la hausse du coût de la vie étudiante, oblige près de la moitié des étudiants à travailler au cours des études (étude conditions de vie des étudiants en France, observatoire de la vie étudiante, 2006). Ainsi, dès les années 1990, le nombre d’étudiants salariés a plus que doublé.

L’influence d’un emploi sur les études

Le syndicat UNEF (Union Nationale des Étudiants de France) estime que le coût moyen de la vie estudiantine atteint 975 euros par mois à Paris, pour 673 euros en province (source : enquête sur la rentrée 2008-2009, UNEF, août 2008). Lorsque les parents ne peuvent pas combler le solde entre cette somme et les différentes aides sociales ou bourses, l’étudiant doit exercer une activité salariée pendant plus ou moins d’heures. C’est là que peuvent intervenir les difficultés.

Une activité rémunérée coupée des études, régulière et exercée au moins à mi-temps accroît les risques d'échec. Globalement, s’ils ne travaillaient pas, les étudiants salariés auraient presque deux fois plus de chances de décrocher leur examen de fin d’année.

À moins de quinze heures hebdomadaires, le job étudiant s'avère souvent une expérience bien vécue, celle d'un apprentissage de l'autonomie et de découverte du monde du travail.

En revanche, comme le confirme l’étude menée sur les conséquences du travail salarié des étudiants sur la réussite et la poursuite des études parue dans le n° 422 d'Économie et statistique en 2009, le seuil des 16 heures de salariat par semaine constitue un véritable palier à risques. Effectivement, si les résultats aux examens de fin d’année sont un peu moins bons pour les étudiants salariés travaillant moins de 16 heures que pour ceux ne travaillant pas, le taux de réussite chute brutalement au-delà de cette limite de temps.

Quelles solutions contre l’échec scolaire ?

Pour inciter les étudiants salariés à ne pas exercer une activité professionnelle trop prenante et qu’ils privilégient la poursuite de leurs études, certains dispositifs existent : revenu non imposable pour les moins de 25 ans, scolarité allégée par l’échelonnage des programmes et des examens sur deux ans au lieu d’un, pas de travaux dirigés (TD) ou aménagement des horaires et, bien sûr, les bourses. Près de 30 % des étudiants touchent une bourse sur critères sociaux délivrée par le CROUS (Centre régional des oeuvres universitaires et scolaires) de leur académie.

Pour y avoir accès, trois indicateurs entrent en compte : les revenus du foyer fiscal, le nombre d’enfants à charge de la famille et l’éloignement du lieu d’études. Destinées aux étudiants de licence comme de master, elles s’échelonnent en 2011-2012 de 0 à 4 600 euros pour un an, selon six paliers. L’échelon 0 permet uniquement l’exonération des droits universitaires dans les établissements publics et la cotisation à la Sécurité sociale étudiante. L’exercice d’une activité salariée n’empêche évidemment pas de bénéficier d’une bourse (sous réserve de suivre les cours à plein temps).

Les étudiants ont aussi droit à un échec ou à une réorientation en premier et en deuxième cycles. Les bourses au mérite (1 800 euros en 2012-2013) sont destinées à des bacheliers futurs boursiers ayant obtenu une mention très bien et qui s’engagent à entreprendre des études supérieures. Sont aussi concernés des étudiants boursiers (parmi les meilleurs) ayant obtenu une licence. L’assiduité aux cours fait l’objet de contrôle.

D’un point de vue syndical, il existe aussi des solutions, comme en témoigne Denis Raguet, secrétaire fédéral FGTA-FO en charge des HCR : « On ne peut pas faire de différence entre un salarié et un étudiant salarié puisqu’ils ont tous un contrat de travail semblable. Pour autant, et pour soutenir les étudiants salariés dans la branche de la restauration rapide, la FGTA-FO a revendiqué et obtenu des aides spécifiques qui permettent aux salariés de bénéficier, entre autres choses et selon les conditions établies par le fond d’actions sociales de la restauration rapide, d’une aide au permis de conduire et/ou d’une aide à l’inscription aux études supérieures ».

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