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23 / 12 / 2014
Social Nec Mergitur / Membre
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CGT : les appels à la démission de Thierry Lepaon se multiplient

L'onde de choc sur les révélations du montant des travaux de rénovation du logement de Thierry Lepaon (130 000 €), de son bureau (65 000 €) ou encore sur sa très conséquente prime de départ (31 000 €) n'en finit pas de se propager au sein de la CGT. Le premier syndicat de France traverse aujourd'hui la crise la plus grave de son histoire. La centrale est affaiblie et son image est gravement ternie.

Une onde de choc qui s'étend jusqu'à ses hauts dirigeants. « La transparence ne doit pas signifier le déballage. Elle doit concerner le secrétaire général et le bureau confédéral » (c'est-à-dire pas grand monde) osait pourtant préconiser Alain Aphon Layre de la commission exécutive confédérale. 

Il est vrai que jusque là, à Montreuil, la « transparence » était jusquà présent réservée à un petit cénacle. « Heureusement que la presse est là pour nous informer », lâchent, amers, les adhérents et militants de base. Le plus comique, c'est que les « communiqués » officiels de la CGT sur les différentes affaires ne sont même plus validés par les instances officielles, c'est-à-dire le bureau confédéral. Comme dirait le Général, « c’est la chienlit »...

Une crise qui touche au plus haut point les adhérents et surtout les militants. « On ne compte plus les interpellations des adhérents ou des collègues qui ont de la sympathie pour nous », résume ainsi un militant parisien. « Mais le plus cruel dans cette histoire, quand on connaît la crise du syndicalisme et la difficulté de syndiquer les collègues, c'est que l’on entend désormais quotidiennement le même argument : « j’aurais bien voulu adhérer mais c’est trop cher pour moi, mais je comprends maintenant où va l’argent », peut-on lire sur le blog de la CGT-Culture.

Désormais, les soutiens de Thierry Lepaon sont chaque jour moins nombreux. Poussées par la base de leurs militants, les très puissantes fédérations de la métallurgie et des mines-énergie viennent à leur tour de le lâcher pour gonfler les rangs de ceux qui réclament sa démission.


Une démission exigée par beaucoup, puisque une cinquantaine d'organisations a réclamé le départ de l'actuel, bientôt ex-futur, secrétaire général. Parmi elles, les deux plus grosses fédérations, celles des services publics et celle de la santé ou encore le syndicat des journalistes SNJ-CGT. De son côté, Serge Pléchot, secrétaire général de la fédération de la construction de la CGT, demande ouvertement sa démission. Il explique sur France Info «  Ce n’est pas moi qui demande, c’est notre commission exécutive fédérale qui s’est réunie mardi 16 décembre et qui, à l’unanimité, a effectivement demandé la démission le plus rapidement possible du secrétaire général de la CGT. Parce qu'aujourd’hui, on est dans le discrédit total, on est dans un conflit latent et dans une période gris foncé pour la CGT ».

Cette position est partagée par un grand nombre d'adhérents jusqu’aux grands anciens si l’on en croit Jean-Louis Moynot, un proche de Louis Viannet, ex-numéro un de la CGT, qui évoque, dans une tribune publiée par  Le Monde, les « fautes graves » commises par l’actuel secrétaire général de la centrale. Visiblement, la défense de Thierry Lepaon prend eau de toutes parts malgré ses manœuvres pour se maintenir coûte que coûte.

Coûte que coûte est bien le mot puisque Le Parisien explique comment Thierry Lepaon essaye de se mettre nombre d’apparatchiks de la centrale de son côté à coup de promotion. Ou bien encore promet un parachutage doré au patron de la fédération des transports. Mais cela ne devrait pas suffire car les faits et surtout les chiffres sont têtus. Notamment la fameuse histoire de « la prime de départ ».

Devant la commission exécutive, Thierry Lepaon a affirmé que cette « indemnité, déclarée, s’élève exactement à 26 650 euros » et qu’il l’a « acceptée sans imaginer que cela pouvait poser problème ». Évidemment, ne pas comprendre que quitter la CGT Normandie tout en restant à la CGT Montreuil ne méritait pas forcément une grosse prime de transfert, représente effectivement un problème en soi.

Sommes auxquelles il convient d’ajouter les charges patronales, 22 000 €. Charges a priori très et trop élevées. Il manquerait plus que la CGT se fasse appliquer le pacte de responsabilité pour faire baisser le coût du travail (qui est effectivement exorbitant dans ce cas). Encore plus fort. À la CGT, on paye aussi les charges salariales de ses propres employés selon le rapport officiel : 7 000 € , (ce qui signifie que Thierry Lepaon s’est fait offrir ses propres charges salariales par le syndicat), soit un total de 60 000 €.

Mais les dépenses en faveur de Thierry Lepaon ne s’arrêtent pas là : Alain Alphon Layre, auteur du rapport officiel, rappelle que Montreuil a aussi pris à sa charge quelques frais de bouche « en 2012, des frais exceptionnels de septembre à décembre d’une hauteur de 8 400 € » : soit une moyenne de 2 100 € de frais mensuels, somme plus que rondelette pour des restaurants, mais il paraît que ça comprend aussi son tabac. L’argent des autres.

Pareil pour ses émoluments actuels : visiblement, Thierry Lepaon s’emmêle les pinceaux comme un vulgaire Jérôme Cahuzac entre le brut, le net et les impôts. Ainsi, le 5 décembre dernier, il a lâché devant une dizaine de personnes : « Je gagne 5 000 € par mois et je paie 22 000 € d'impôts par an ». Problème : Thierry Lepaon serait alors énormément taxé... Plus d'un tiers de son salaire y passerait. Cette déclaration censée lever tous les soupçons a eu l'effet inverse, y compris chez les fidèles. Alors pensez chez les autres ! Une chose est sûre, ces 5 000 € par mois sont nets d’impôts et tout frais payé (maison, nourriture, transports, tabac…). Pas mal pour quelqu’un qui affirme « vivre comme un ouvrier » !

En tout cas, si l'on ajoute les travaux de l’appartement, du bureau et ses « frais de mutation » pour passer du bocage normand à la centrale de Montreuil, on arrive à la somme de près de 300 milles €, chiffre officiel de la confédération. Soit vingt ans de SMIC ou bien 3 000 cotisations annuelles d’adhérents !

Ceci dit, l’argent pourrait avoir des difficultés à rentrer car nombreux sont ceux désormais qui appellent à suspendre le versement de leur cotisation au siège de Montreuil, à l’image de ceux de la Fonderie de Bretagne « tant que la situation n’est pas réglée », c'est-à-dire un changement au sommet, ont déclaré les « cégétistes » au journal Ouest-France. L'argent, ce nerf de la guerre, pourrait donc être l'ultime offensive contre Thierry Lepaon.

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