Organisations
Canal+ : quand il n’y a plus que la grève...
Depuis plusieurs années, nous déplorons la dégradation des conditions de travail des milliers de salariés du groupe Canal+.
Dans tous les secteurs de l’entreprise (distribution, technique, édition, services supports, i>Tele, Studio Canal et maintenant également à Canal+ Overseas), c’est la même rengaine, celle des économies, des restructurations, des diminutions de postes, des licenciements... Ces événements rythment le quotidien de l’entreprise.
Sans d'autre perspective que celle du lendemain, les salariés de Canal+ subissent sans toujours la comprendre, une politique sociale contraignante, dont l’absence de dialogue rime avec oukase et décisions abruptes.
Ce début d’année 2015 a vu ces phénomènes s’accélérer. Partout, les patrons, agissant sur ordres, sont chargés de repérer les salariés dont le poste pourrait être supprimé, les missions restructurées, d’accompagner des collaborateurs vers la sortie, le tout en respectant l’épure d’un PSE qui veut encore aujourd’hui que 10 suppressions de postes par période de 30 jours imposent la mise en œuvre d’un plan social.
« Bonne année ». Dépités, ces managers et patrons de service s’exécutent parfois en annonçant clairement la couleur à leurs équipes…« Bonne année 2015. Au fait, nous devrions être beaucoup moins nombreux dans quelques mois (…) j’ai ordre de dégraisser, je suis dans l’obligation de le faire (…) nous serons 30 % de moins fin 2015 ».
Les conséquences de cette politique sociale sont palpables à tous les étages. Mines déconfites, multiplication des absences, épuisement professionnel en inquiétante progression, malaise généralisé : le drame n’est pas loin.
Au-delà de la désorganisation des entreprises, cette politique porte maintenant atteinte à la santé physique et mentale de plusieurs dizaines de salariés, épuisés, en rupture, désorientés. En ce début d’année, nous avons franchi un cap ; le seuil d’alerte est atteint.
La multiplication des cas d'épuisement professionnel dans tous les secteurs d’activité et particulièrement en ce moment au sein du Studio Canal et de la direction de l’édition nous font craindre le pire. C’est aussi pourquoi les syndicats de Canal+ ont décidé d’organiser des assemblées générales pour échanger sur le terrain avec les salariés.
Les constats sont partagés par une majorité des salariés conscients que cela ne peut plus durer. Le tract appelant aux AG, intitulé « Ça suffit », résumait à lui seul le sentiment général : celui d’un ras-le-bol généralisé, d’un moment de rupture sociale, d’un affaiblissement de nos organisations dans l’incompréhension générale.
Notre groupe doit indéniablement se restructurer, s’adapter, se moderniser, se transformer. Mais il doit réaliser sa mue dans le respect total de ses collaborateurs, hors d’une contrainte permanente insupportable.
L’absurdité de cette politique conduit à l’inefficacité opérationnelle et nous fait perdre des parts de marché pourtant difficiles à conquérir ou à maintenir. Elle affaiblit et corrompt le tissu social de l’entreprise
Qui connaît aujourd’hui son avenir ? Qui sait avec qui il travaille exactement ? Qui sait s’il va déménager demain ou après-demain ? Qui sait s’il va devoir encore absorber une charge de travail déjà débordante en reprenant les missions de salariés débarqués, remerciés, missionnés ? Qui sait s’il va faire l’objet d’une convocation pour une sanction, pire pour un entretien préalable au licenciement ? C’est devenu la routine à Canal+, une routine destructrice de valeurs économiques et sociales.
C’est pourquoi, alors que le dialogue social est au point mort, trois syndicats indépendants ont décidé de prendre cette décision et de poser un préavis de grève pour le jeudi 5 mars.
Le dernier préavis de grève a été déposé en 2003 alors que Pierre Lescure était limogé par Jean-Marie Messier. Aujourd’hui, nous sommes dans la situation inverse. L’incapacité de notre direction à écouter et entendre nous oblige à agir dans l’intérêt de l’entreprise et des salariés, dans une situation d'urgence.
Il n’est plus acceptable de voir des dizaines de salariés à bout de nerfs, effondrés. Il n’est plus acceptable de laisser ainsi se dégrader le tissu social d’une entreprise comme la nôtre. Il n’est plus acceptable de laisser filer les compétences, remerciées ou démissionnaires. Il n’est plus acceptable de voir des services entiers désorganisés, en souffrance, inquiets pour l’avenir.
Nous proposons tout d’abord de rétablir les normes d’un dialogue social respectueux et ouvert. Nous revendiquons l’arrêt des licenciements sans cause réelle et sérieuse, des ruptures conventionnelles qui ne sont que des licenciements économiques déguisés. Nous proposons de stabiliser les organisations, de cesser les déménagements permanents, d’embaucher là où les besoins sont criants, dans les centres de relations clients par exemple. Nous voulons mesurer les conséquences d’une politique de réduction des coûts auprès de nos prestataires, les obligeants à délocaliser les emplois. Des milliers d’emplois de la relation clients aujourd’hui installés au Maroc et des taux de redondance d’appels qui explosent… Nous l’avions anticipé il y a deux ans. Nous y sommes ! Les salariés de Canal+ confrontés chaque jour à la grogne des abonnés mesurent les conséquences de cette politique de délocalisation.
Repenser notre politique sociale, c’est affirmer la primauté du dialogue, sans lequel nous irons à l’échec. C’est aussi cesser de mettre des salariés épuisés sous pression, de rétablir des occasions de soutien psychologique aujourd’hui déficient, de traiter de la désorganisation des services et du temps de travail, des pressions sur les représentants du personnel...
La grève du 5 mars doit nous conduire à cette refondation sociale.
Dans tous les secteurs de l’entreprise (distribution, technique, édition, services supports, i>Tele, Studio Canal et maintenant également à Canal+ Overseas), c’est la même rengaine, celle des économies, des restructurations, des diminutions de postes, des licenciements... Ces événements rythment le quotidien de l’entreprise.
Sans d'autre perspective que celle du lendemain, les salariés de Canal+ subissent sans toujours la comprendre, une politique sociale contraignante, dont l’absence de dialogue rime avec oukase et décisions abruptes.
Ce début d’année 2015 a vu ces phénomènes s’accélérer. Partout, les patrons, agissant sur ordres, sont chargés de repérer les salariés dont le poste pourrait être supprimé, les missions restructurées, d’accompagner des collaborateurs vers la sortie, le tout en respectant l’épure d’un PSE qui veut encore aujourd’hui que 10 suppressions de postes par période de 30 jours imposent la mise en œuvre d’un plan social.
« Bonne année ». Dépités, ces managers et patrons de service s’exécutent parfois en annonçant clairement la couleur à leurs équipes…« Bonne année 2015. Au fait, nous devrions être beaucoup moins nombreux dans quelques mois (…) j’ai ordre de dégraisser, je suis dans l’obligation de le faire (…) nous serons 30 % de moins fin 2015 ».
Les conséquences de cette politique sociale sont palpables à tous les étages. Mines déconfites, multiplication des absences, épuisement professionnel en inquiétante progression, malaise généralisé : le drame n’est pas loin.
Au-delà de la désorganisation des entreprises, cette politique porte maintenant atteinte à la santé physique et mentale de plusieurs dizaines de salariés, épuisés, en rupture, désorientés. En ce début d’année, nous avons franchi un cap ; le seuil d’alerte est atteint.
La multiplication des cas d'épuisement professionnel dans tous les secteurs d’activité et particulièrement en ce moment au sein du Studio Canal et de la direction de l’édition nous font craindre le pire. C’est aussi pourquoi les syndicats de Canal+ ont décidé d’organiser des assemblées générales pour échanger sur le terrain avec les salariés.
Les constats sont partagés par une majorité des salariés conscients que cela ne peut plus durer. Le tract appelant aux AG, intitulé « Ça suffit », résumait à lui seul le sentiment général : celui d’un ras-le-bol généralisé, d’un moment de rupture sociale, d’un affaiblissement de nos organisations dans l’incompréhension générale.
Notre groupe doit indéniablement se restructurer, s’adapter, se moderniser, se transformer. Mais il doit réaliser sa mue dans le respect total de ses collaborateurs, hors d’une contrainte permanente insupportable.
L’absurdité de cette politique conduit à l’inefficacité opérationnelle et nous fait perdre des parts de marché pourtant difficiles à conquérir ou à maintenir. Elle affaiblit et corrompt le tissu social de l’entreprise
Qui connaît aujourd’hui son avenir ? Qui sait avec qui il travaille exactement ? Qui sait s’il va déménager demain ou après-demain ? Qui sait s’il va devoir encore absorber une charge de travail déjà débordante en reprenant les missions de salariés débarqués, remerciés, missionnés ? Qui sait s’il va faire l’objet d’une convocation pour une sanction, pire pour un entretien préalable au licenciement ? C’est devenu la routine à Canal+, une routine destructrice de valeurs économiques et sociales.
C’est pourquoi, alors que le dialogue social est au point mort, trois syndicats indépendants ont décidé de prendre cette décision et de poser un préavis de grève pour le jeudi 5 mars.
Le dernier préavis de grève a été déposé en 2003 alors que Pierre Lescure était limogé par Jean-Marie Messier. Aujourd’hui, nous sommes dans la situation inverse. L’incapacité de notre direction à écouter et entendre nous oblige à agir dans l’intérêt de l’entreprise et des salariés, dans une situation d'urgence.
Il n’est plus acceptable de voir des dizaines de salariés à bout de nerfs, effondrés. Il n’est plus acceptable de laisser ainsi se dégrader le tissu social d’une entreprise comme la nôtre. Il n’est plus acceptable de laisser filer les compétences, remerciées ou démissionnaires. Il n’est plus acceptable de voir des services entiers désorganisés, en souffrance, inquiets pour l’avenir.
Ça suffit !
Canal+ mérite bien mieux. L’absence de boussole déstabilise et inquiète.Nous proposons tout d’abord de rétablir les normes d’un dialogue social respectueux et ouvert. Nous revendiquons l’arrêt des licenciements sans cause réelle et sérieuse, des ruptures conventionnelles qui ne sont que des licenciements économiques déguisés. Nous proposons de stabiliser les organisations, de cesser les déménagements permanents, d’embaucher là où les besoins sont criants, dans les centres de relations clients par exemple. Nous voulons mesurer les conséquences d’une politique de réduction des coûts auprès de nos prestataires, les obligeants à délocaliser les emplois. Des milliers d’emplois de la relation clients aujourd’hui installés au Maroc et des taux de redondance d’appels qui explosent… Nous l’avions anticipé il y a deux ans. Nous y sommes ! Les salariés de Canal+ confrontés chaque jour à la grogne des abonnés mesurent les conséquences de cette politique de délocalisation.
Repenser notre politique sociale, c’est affirmer la primauté du dialogue, sans lequel nous irons à l’échec. C’est aussi cesser de mettre des salariés épuisés sous pression, de rétablir des occasions de soutien psychologique aujourd’hui déficient, de traiter de la désorganisation des services et du temps de travail, des pressions sur les représentants du personnel...
La grève du 5 mars doit nous conduire à cette refondation sociale.
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